Lavilliers : Minha Selva

Rock / France
(1994 - Barclay)
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Les paroles


1. MINHA SELVA



Des pas au couchant se glissent
Dans la poussière du soleil.
Des patios aux dalles lisses,
Des hamacs sans sommeil.
L'eau transparente qu'on rêve
Et qui jamais n'apparaît.
Vient la valse des regrets.

Noir labyrinthe des jungles
Où le chasseur disparaît,
Egorgé près de son flingue
Par le tigre qu'il voulait.
La chaleur et puis la fièvre
Et l'attente du passeur,
Voyageur.

Minha selva, minha selva.

Etre à l'aube des échecs
Seul avec des jivaros,
Sans un mot, avec des chefs
Venus du Mato Grosso.
C'est la selva qui t'enseigne
La solitude des rois,
La solitude.

Dans l'abstraction végétale,
La forêt prend des allures
Formidables de cathédrales
Dressés dans le clair-obscur.
Le temps n'est pas un chantage,
Il ne prouve pas le vécu.

Minha selva, minha selva.

Qui peut vivre ici, des hommes
Qui n'ont jamais connu de loi.
Je parle de la loi des hommes
Dont la nature ne veut pas,
Qui connaissent comme personne
Tout ce que vous ne saurez pas,
La selva

Minha selva, minha selva.






2. HABANA




En quittant le chambre irréelle,
Hotel Nacional,
Je longeais l'obscure citadelle,
Le palais royal,
Où les princes, les élus du ciel,
Marchands d'armes sales,
Font graver "très confidentiel"
Sous leurs initiales.

La terre tremblerait peut-être sur les secrets endormis,
Sur le tombeau du poète allongé en Bolivie.
Je savais très bien, je ne reverrais plus la beauté, la Fange,
Cité corrompue aux jardins suspendus et ce vide étrange.

Il n'y avait personne sous le soleil de Satan.
Mélodies monotones juste emportées par le vent.

Lolita était sombre et belle
Tout au fond du bar.
Je lui ai dit les mots essentiels,
Ceux des vrais départs.
J'avais fait ce qu'il fallait faire,
Elle ne savait rien.
Lolita préférait se taire,
Suivre son destin.
Elle n'attendait rien de moi
Et je n'attendais rien d'elle.
On se reconnait parfois
A nos sourires de rebelles.

Il n'y avait personne sous le soleil de Satan.
Mélodies monotones juste emportées par le vent.

Le vol de minuit disparu dans le ciel,
Vers le continent,
Elle repartit seule chanter dans la ruelle
La chanson du sang.

Il n'y avait personne sous le soleil de Satan.
Mélodies monotones juste emportées par le vent.

En quittant le chambre irréelle,
Hotel Nacional,
Je laissais l'obscure citadelle,
Le palais royal,
Juste allongé sur le lit,
Le troisième homme était mort
En emportant avec lui
Mes papiers, mon passeport.




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