Unknown Pleasures

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18/20
Nom du groupe Joy Division
Nom de l'album Unknown Pleasures
Type Album
Date de parution 10 Juin 1979
Style MusicalPost-punk
Membres possèdant cet album92

Tracklist

1.
 Disorder
 03:32
2.
 Day of the Lords
 04:49
3.
 Candidate
 03:05
4.
 Insight
 04:29
5.
 New Dawn Fades
 04:47
6.
 She's Lost Control
 03:57
7.
 Shadowplay
 03:55
8.
 Wilderness
 02:38
9.
 Interzone
 02:16
10.
 I Remember Nothing
 05:53

Durée totale : 39:21



LIVE AT THE FACTORY, MANCHESTER, ENGLAND, 11/04/1980 (ONLY WITH THE RE-ISSUE 2007)
1.
 Dead Souls
 
2.
 The Only Mistake
 
3.
 Insight
 
4.
 Candidate
 
5.
 Wilderness
 
6.
 She's Lost Control
 
7.
 Shadowplay
 
8.
 Disorder
 
9.
 Interzone
 
10.
 Atrocity Exhibition
 
11.
 Novelty
 
12.
 Transmission
 

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Joy Division


Chronique @ Yawn

18 Juillet 2011
Il est des groupes que l’on croirait oublié mais dont on rend un continuel hommage; Joy Division est de ceux-ci. En presque 4 années d’existence, cette formation a eu un impact assez considérable sur la période rock qui succéda au punk. Avec Joy Division (anciennement Warsaw), on a bien affaire à du rock dont la structure simple (mais pas simpliste) et directe doit beaucoup au précédant genre contestataire, mais ce rock-là est comme un panorama de Manchester, ville industrielle sous la pluie battante… Noir, écho d’une génération qui après plusieurs décennies de créativité et d’excentricité viendrait à subir la descente que ressentirait un junkie après avoir eu sa dose, tel le début d’un long bad trip. Profonde et douloureuse, cette musique sent le tourment, l’angoisse, elle suinte la résignation et le dépit, le simple regret d’exister, d’être là et d’être le témoin et la victime de l’infernale et absurde vie humaine. Lorsque que sort Unknown Pleasures, le groupe était plus connu pour la médiocrité de ses prestations. De plus, Joy Division était un nom de scène flirtant avec un parfum de subversion et de provocation : tirée du livre "House of Dolls" de Yahel Deh-Nur, cette « division de la joie » était une métaphore cynique pour désigner les bordels (véridiques ou non ?) dans lesquels les SS violaient sans retenue de jeunes femmes juives prostituées de force. Mais cet album avait quelques atouts en poche pour conquérir un public ; autant vous le dire tout de suite certains titres plaisent dès la première écoute, le reste paraissant inégal, et cette impression pourrait vous saisir aussi à son écoute.

"Disorder" se veut assez pétillant, avec un son ténu et similaire à ce que donnerait un Depeche Mode ténébreux au synthétiseur (instrument que les membres ont toujours rejeté mais qui a pourtant été inclus par le producteur Martin Hannett), toujours vif et régulier. Elle partage ce côté animé mais hanté avec "Insight", bien que la tonalité instrumentale, la voix de Curtis et la thématique des paroles changent. "Day of the Lords" fait immédiatement machine arrière avec un tempo plus lent, une batterie et une basse calée avec une précision de métronome, et une guitare graveleuse. Cet ensemble lugubre est encensé par la voix mortuaire et rocailleuse d’Ian Curtis, ce qui donne un ton des plus sérieux à ce titre. "Candidate" est plus dépouillée, comme une sorte de carcasse sonnant creuse et soutenue uniquement par la batterie et le chant. "New Dawn Fades" résonne avec un son de guitare en plus clair, guidée par une basse qui se détache du coup de son simple rôle d’accompagnement pour aller vers un jeu de soliste. Avec le morceau "She’s Lost Control", on a droit à quelque chose d’original et de particulier : à l’instar de "Disorder", on retrouve une mélodie dépouillée et ambigüe, entre la douce folie et l’oppression paranoïaque. La batterie est ici bien faiblarde, on penserait avoir droit à un sample passé en boucle de boîte à rythmes. La voix de Curtis est assez linéaire, grave mais elle colle plutôt bien à la chanson, sans plus. La dynamique "Shadowplay" relance la vapeur et nous revoilà plongés de nouveau dans le vrai son Joy Division, avec un ensemble plus cohérent et naviguant toujours en eaux troubles ; pas forcément évidemment de lire entre les lignes d’un songwriter tel Ian Curtis, exercice périlleux je le reconnais. Pour ce titre, on croirait presque à une version plus rock de "Day of the Lords" ! Déroutant.

Le sombre mais élégant "Wilderness" est nappé d’un riff simple, doté d’une ligne de basse à la sobriété effarante, animé par une batterie toujours discrète. La voix de Curtis apporte un brin de clarté lugubre, magnifie le morceau par un chant plus haut et posé. Interzone reprend le flambeau laissé par terre par "Shadowplay" : même disposition à jouer de façon dynamique, c’est à la fois théâtral et viscéral mais sans perdre sa charge émotionnelle. Enfin, le grand final de l’album, "I Remember Nothing" débute par une intro proche d’un rock expérimental et planant (samples de bris de glace), avec une batterie au rythme de piston hydraulique, une basse minimaliste au possible et une guitare vigoureuse au moment du refrain. Là encore je précise la portée atmosphérique de la composition par les phases de silence assez omniprésentes, découpant le chant de Curtis en structures bien délimitées. Du côté des lives enregistrés à la Factory en 1980, on retrouve la fameuse et envoûtante "Dead Souls" (les covers de Trent Reznor ou de Peter Murphy n’ont pas dû vous échapper). C’est pour moi LA chanson emblématique du groupe, avec sa longue montée en puissance de percus, le son disto et destroy des guitares, le chant presque faux et hurlé par Ian Curtis, néanmoins le groove est là et vous donne envie de vous balancer un bon coup ! Idem pour "The Only Mistake", où enfin Stephen Morris s’agite un bon coup derrière les fûts, de même que ses camarades qui apportent un ensemble noisy rock rapide ; pour une fois, l’instru prime sur le chant. "Atrocity Exhibition" est singulière tant son riff nous ferait par moment songer à une composition de Blur, avec un son bien plus punk rock et un chant plus vindicatif et affirmé (lorsque Curtis répète « This the way, step inside » de façon brève et rageuse, on ferme les yeux et on entrevoit le phrasé-chanté de Jim Morrison). "Novelty" et "Transmission" dévoilent des accents d’un rock plus classique, avec une prédominance du jeu de guitare de Bernard Sumner, un tempo accéléré et un abandon du synthétiseur. La simplicité des arrangements musicaux est toujours de mise, et reste la griffe du groupe de Manchester.

Voilà un album qui en définitive comporte certains bijoux musicaux de la période de transition 70-80, c’est sûrement le meilleur de l’éphémère carrière de Joy Division (Curtis, souffrant de crises d’épilepsies terriblement violentes et handicapantes, se suicidera en 1980), bien que je trouve quelques titres un peu trop ternes par rapport à d’autres. Si vous trouvez mon analyse des titres assez directe et succincte, c’est normal : plancher sur un groupe qui a revisité le rock et le punk en enlevant le superflu, en gardant le minimum et l’efficace, ça force au respect et ça n’encourage pas à extrapoler de longues heures dessus. Cette musique n’est pas intellectuelle, elle se veut un retour vers l’instinctif, le primal, l’animalité humaine. Mais le plus brillant je pense, c’est qu’une telle comète musicale ait refaçonné de façon durable un esprit rock en perdition jusqu’aux années 80 et 90 (le grunge doit en définitive beaucoup à Joy Division !). Un dernier conseil : après le boulot, prenez un café serré, un bon morceau de chocolat noir, détendez-vous dans le fauteuil et écoutez Unknown Pleasures ; vous renouerez certainement avec le caractère minimaliste de votre existence…

7 Commentaires

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OVERKILL77 - 26 Août 2012: Cet album m'a toujours fait un peu flipper... tout comme Curtis d'ailleurs.
Si vous êtes déjà un peu dépressif à tendance suicidaire, oubliez vite cet album ! Pour les autres, c'est plutôt le genre d'album à écouter les dimanches soirs de Novembre.
Merci pour la Kro l'ami !
Yawn - 21 Mai 2013: Je me souviens que Trent Reznor avait souvent dit que Unknown Pleasures et Closer avaient eu un fort impact sur l'inspiration sonore de NIN. Effectivement on ressent la même sensation de pesanteur étouffante et mécanique qui peuvent hérisser le poil des uns et enchanter l'attrait morbide des autres. Je pense que c'est en partie pour cela que je me suis décidé à faire la chronique de cet album...
Atmosfear - 03 Août 2013: Un disque culte ! Par contre la référence à Blur est quand même assez abusive...(pour être sympa), il y a tellement d'autres influences ou comparaisons à citer avant et à la place (j'en ai eu un haut le coeur) ... N.I.N. encore je comprends, par contre pour pas mal de passages de ta chronique je n'ai pas les mêmes références à citer, question de génération j'imagine...? Ma note = 19/20.
Yawn - 17 Août 2013: En toute honnêteté, J'ai choisi Blur car certaines de leurs compos étaient encore très orientées post-punk sur l'album "Parklife" (si l'on enlève la pop qui enrobe le tout). Je sais pas pourquoi mais ça m'a frappé et du coup j'ai fais le parallèle, mais tu as raison de souligner qu'il y aurait mieux en terme de références. J'ai fais avec ce que j'ai pu, je préfère encore citer des références pas forcément pertinentes que je connais plutôt que de raconter n'importe quoi juste pour le besoin de caser quelque chose.
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Commentaire @ DHT06

04 Octobre 2017

Une forme de bonheur

L’une des idées les plus évidentes, à chaque fois que l’on revient vers « Unknown Pleasures », consiste à identifier les deux principaux temps forts dans « She’s Lost Control » et « New Dawn Fades », pour des raisons qui diffèrent autant que ces titres l’un de l’autre, le premier plutôt dans le décrochage, le deuxième plutôt dans la pesanteur. Il y aurait un mouvement de fuite envers et contre la vie en général, ou au contraire une tendance à s’y enfoncer, à la manière d’une immersion dans le désespoir. Pourtant « Disorder » a presque l’air joyeux, si l’on excepte son final émotionnel trop intense pour conserver la légèreté que l’on attend de la joie. Du coup, on constate une certaine pudeur. Car, dans l’hypothèse plus que plausible d’une douleur existentielle, cette dernière ne rime pas pour autant avec l’évidence. Proche de « New Dawn Fades », on a bien sûr « Day of the Lords », où l’on gravite encore autour du Joy Division très connu et, entendons-le, parce qu’il le mérite bien. Si l’on ajoute « Insight » à cette première liste, que même les improbables sons de fusée disco n’arrivent pas à ridiculiser tellement le pathétique y semble assumé, ou encore le fameux « Shadowplay », il reste, au fond de l’obscurité pure et dure, « Candidate », « Wilderness », « Interzone », « I Remember Nothing ». Et là, on arrivera toujours à la même conclusion : le groupe a su, d’une chanson à l’autre, exploiter sa fragilité pour en montrer la part la plus inspirée, la tristesse telle quelle, simplement émouvante, émouvante de simplicité, autant qu’une colère authentique selon les moments. Pour entrer en studio, Joy Division avait besoin de Martin Hannett, et chacun, musicien ou producteur, s’est appliqué à honorer son travail, avec gratitude et humilité face à ce dernier, comme des gens qui aiment vraiment ce qu’ils font. Contre toute attente, cette attitude exprime une forme de bonheur. Il existe bien des façons différentes d’exceller, même en insinuant que toute vie a déjà un pied dans la tombe.

D. H. T.

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