Closer

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19/20
Nom du groupe Joy Division
Nom de l'album Closer
Type Album
Date de parution Juillet 1980
Style MusicalPost-punk
Membres possèdant cet album72

Tracklist

1. Atrocity Exhibition
2. Isolation
3. Passover
4. Colony
5. A Means to an End
6. Heart and Soul
7. Twenty Four Hours
8. The Eternal
9. Decades

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Joy Division


Chronique @ venomesque

03 Août 2013

...bien plus qu'un disque il est l'incarnation même de son auteur!

1980 : une date charnière dans l'histoire de la musique...elle marque la fin des années 70 dominées par le rock, le hard rock, et plus récemment le punk pour laisser place à des sonorités Synthétiques donnant naissance à un nouveau genre : la new wave! Toutefois, ce changement de période ne s'est pas fait sans transition...en effet : "Joy division" est le parfait exemple du groupe qui a non seulement vécu durant cette période de transition mais en a été lui même en parti responsable! A ses débuts Joy division qui se nommait alors "Warsaw" (1976), était un groupe de punk, qui avait eu la révélation en se rendant à un concert des sex pistols et voulait suivre la même voie qu'eux tant scéniquement que musicalement, alors que s'est-il passé entre temps? Comment un groupe qui avait l'air de vouloir se fondre dans un courant musical assez radical et n'avait à priori rien pour sortir du lot a-t-il réussi à créer un style bien à part dans l'histoire du rock et ouvrir la voie en grande partie à la new wave?

Tout d'abord, ce qu'il faut savoir c'est que le groupe n'enregistrera son premier album : "Unknown Pleasures" que 3 ans après sa formation...en effet, il lui aura fallu le temps de comprendre qu'il ne pouvait plus se limiter à singer un courant musicale sur le déclin, mais bel et bien faire preuve d'originalité et d'adaptation à son temps pour en venir à se faire remarquer, toutefois le côté provocateur du punk n'est pas totalement renié pour autant : joy division faisant référence au nom des prostituées destinées à faire du bien aux nazis pendant la 2ème guerre mondiale...charmant! Mais musicalement parlant Joy division n'avait plus grand chose à voir avec le punk...la rage du punk avait cessée pour laisser place à une désolation, et un désespoir gothique à la limite du morbide mis en musique par des accords lancinants de guitares, une batterie puissante et souvent répétitive, une basse bien mise en avant pour renforcer la gravité du propos...et surtout : la voix de ian curtis...grave, profonde, parfois murmurée et noyée par des échos...le rock gothique était né!

Mais si ce rock gothique était apparu sur l'album précédent, c'est bien sur Closer qu'il est sublimé et qu'il atteint une perfection absolue plus jamais atteinte par la suite (hormis sur le cultissime "pornography" des cure). On dit souvent des artistes torturés qu'il sont capables de produire certaines des plus belles œuvres qu'elles soient musicales, poétiques ou autre... Ian Curtis chanteur emblématique du groupe en est bien l'exemple typique : en l'écoutant chanter il est difficile de ne pas faire le rapprochement entre son chant grave et désespéré et ses problèmes personnels : Marié à l'âge de 19 ans, puis père de famille n'arrivant plus à contrôler son vilain désir d'adultère une fois en tournée avec sa journaliste personnelle, il est alors tiraillé entre ce qu'il sait être juste et ses mauvais désirs. Il n'hésite alors pas à s'auto dénigrer sur certains morceaux ici comme isolation par exemple : "Mère j'ai essayé crois moi" " J'ai honte de la personne que je suis.", tout en justifiant ainsi son désir d'isolation, ce morceau est toutefois l'un des moins sombres de l'album il est soutenu par une rythmique dansante et une nappe de synthés typique de la new wave qui suivra après la disparition du groupe...on ne peut toutefois pas dire que les paroles soient heureuses...la voix de ian curtis créé d'ailleurs une sensation de malaise qui contraste avec l'aspect pourtant guilleret du fond sonore..."Passover" viendra ensuite entraîner l'auditeur de manière définitive sur une successions de morceaux tous aussi sombres les uns que les autres. La plupart des autres morceaux sont donc en revanche beaucoup plus explicites dans leur aspect sombre et gothique, à commencer par le morceau d'ouverture : Atrocity Exhibition...ici les guitares se font aussi agressives que si il était encore question de punk, mais elles ne cherchent pas à créer de mélodie précise...juste un fond sonore bruitiste et perturbant...tandis que leur précède une batterie au rythme lent et tribale...suggérant comme une idée de marche funèbre, dès les premières notes le ton est donné, ce n'est pas un disque de la compagnie créole que nous allons écouter! Ici les paroles sont cyniques et désabusées, Ian Curtis qui était désespérément malade et souffrait de crises épileptiques récurrentes avait une danse assez amusante sur scène...jusqu'à ce que l'on sache qu'elle mimait un début de crise d’épilepsie...toutefois des gens à la curiosité tordue et malsaine venaient le voir sur scène uniquement pour assister à sa décadence, c'est de ces gens là que cette chanson traite : "this is the way step inside!" (par ici entrez) scande inlassablement Ian Curtis rendant ainsi son propos accusateur envers ces gens qui, si l'on en croit les paroles "se divertissent à regarder son corps se tordre"...peut-être le plus grand morceau du groupe...l'un des plus habité en tout cas!

On retrouve un peu le même ingrédient sur "Colony", qui lui en revanche est marqué par des secousses via une batterie frénétique et cassante fusionnée à la voix tremblante au bord de la rupture de ian curtis...comme si la batterie elle même frappait cette voix qui tentait tant bien que mal de s'exprimer à travers ce déluge de guitares envahissantes, on pourrait y voir là une métaphore du chanteur qui tente de s'exprimer sur scène mais qui est toujours rattrapé et étouffé par sa maladie, là encore la sensation de désespoir est bien présente...grâce à cette fusion de chacun des instruments! Elle est toutefois mise en avant de manière "rock" et rythmée... sur le superbe "a means to an end" qui fait remuer la tête mais n'est pas joyeux pour un sou, la basse étant toujours très mise en avant et accompagnant la batterie à chaque frappe...le morceau est alors lourd et plombant! Sur "Heart and Soul" Ian Curtis nous confirme ici qu'il était bel et bien un grand chanteur...ce dernier parvient à modifier de manière instantanée sa voix sur chaque mot qu'il prononce, toujours dans une idée de renforcer la gravité de sa musique toutefois il le fait de manière naturelle et fluide, sa voix ressemble à présent à celle d'un fantôme qui ne serait déjà plus parmi nous et tente de nous faire passer un dernier message...via les effets d'échos notamment, c'est assez troublant et cela laissait déjà malheureusement présager son funeste destin.

Le rythme commence à s'affaiblir de plus en plus à mesure que touche la fin de l'album...sur "24 Hours" le rythme s'accélère et se ralentit sans cesse...comme si l'âme du chanteur empreinte dans la musique du groupe tentait encore de se manifester...et était sans cesse stoppée net par des ralentissements, finalement...ce présage de ralentissement définitif est confirmé sur "The eternal" morceau épuré au possible où seul un claquement de percussion très lent, un piano, une basse, et la voix pleine de tristesse de Ian raisonne dans les ténèbres de la musique...ceux créés de manière intemporelle par des jeunes gens âgés d'à peine 23 ans...franchement on a du mal à y croire en écoutant ça!
Les nappes de synthés très subtiles de joy division que l'on pouvait retrouver à petite dose sur l'album et dans certains morceaux prennent alors immédiatement le dessus sur le dernier morceau de l'album : decades...elles créent une boucle lancinante plongeant l'auditeur dans un climat nocturne et mortuaire, et les paroles "Las de vivre, maintenant notre cœur est perdu à jamais" semblent cette fois-ci annoncer le départ définitif d'un ian dont la voix disparaît petit à petit derrière les flots de synthés aigus à l'allure fantomatique. Vous l'aurez alors compris cet album est bien plus qu'un disque il est l'incarnation même de son auteur! Trop déprimant pour certains, "Closer" n'en demeure pas moins l'oeuvre majeure du groupe, influençant ainsi les futurs groupes de rock gothique...tout comme les groupes guillerets de new wave qui eux en revanche feront des synthés leur instrument de prédilection et non leur instrument d'accompagnement. Mais surtout, "Closer" est la preuve indéniable que l'art et son artiste peuvent-être fusionnels, Ian Curtis retrouvé pendu à l'âge de 23 ans le 18 mai 1980, en créant cet album, restera à jamais gravé dans l'histoire de la musique comme un artiste vivant à travers ses textes et sa musique...triste sans doute...mais belle, sincère, et honnête avant tout!

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Atmosfear - 03 Août 2013: Intéressante chronique pas trop mal documentée mais je déplore certaines approximations ou erreurs que je ne peux pas ne pas relever pour un groupe que j'adore :

...ainsi les mots "cold wave" ne sont jamais prononcés, comme si J.D. passait sans transition du punk à la new wave...alors que le premier album "Unknown Pleasures" est l'archétype de l'album de cold wave ainsi que "Closer" dans une certaine mesure. On ne prononce pas non plus "New Order" (nom du groupe reformé après la mort du chanteur) ni les influences de la vague allemande sur toute la cold wave et new wave, en passant par la trilogie de Bowie qui s'en inspirera directement, ni le travail de l'ingénieur du son Martin Hannett qui produisit les deux premiers albums du groupe et contribua grandement à sortir le groupe du style punk. Par ailleurs il n'y a rien de gothique dans "Unknown Pleasures" (!?). Tu confond avec Sisters of Mercy ou Siouxsie & the Banshees ou Bauhaus. Dommage aussi qu'on ne parle pas de l'influence de précurseurs comme The Stooges sur le travail du groupe (et sur tout le punk-et hélas sur la mort de Curtis, retrouvé mort après avoir écouté l'album "The Idiot" d'Iggy Pop), enfin c'est vrai, pas facile de faire une chronique sur ce groupe culte, je veux bien le reconnaître, moi le premier...cette chronique a donc le mérite d'exister et d'être passionnée. Dernier truc le premier nom exact de Joy Division est Warsaw Pakt, avant d'être raccourci en Warsaw. Références perso : discographie quasi-complète et bibliographies disponibles en ligne (et certains ouvrages de ma collection) et...mes souvenirs. Merci malgré tout pour ta chronique.
 
Elocin38 - 18 Août 2013:
Merci on attend avec impatience celle(s) pour les albums de Soan
 
Enuur - 23 Septembre 2013: Merci pour cette chronique bien argumentée/documentée.
Par contre, je ne fais pas partie des fans du nom "Rock Gothique", je considère plutôt ça comme de la Cold Wave. J'ai l'impression que ce nom désigne un groupe de New Wave/Cold Wave au look "gothique" (SOM et Bauhaus sont quand même des groupes fort différents au niveau du son pour ne citer qu'eux. Je trouve que SOM sonne bien plus New Wave de par son côté catchy). Mais ce n'est qu'un point de vue personnel. Ca ne change rien à la belle brique que tu as écrit ;)
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Commentaire @ DHT06

04 Octobre 2017

Tout est consommé

Le son d’ « Atrocity Exhibition » n’est pas, à proprement parler, un son organique ; on perçoit nettement la guitare électrique. Mais il donne un peu cette impression. D’ailleurs, la guitare elle-même est bruitiste, alors que le rythme pourrait aussi bien provenir d’une machine que d’un percussionniste tapant sur des récipients divers. Quant à Peter Hook, il insère sa basse plutôt aigüe, sa signature. Contraste presque total, donc, quand on enchaîne avec « Isolation », où s’impose le synthétiseur comme pour rapprocher Joy Division de Kraftwerk, chose que le précédent « Unknown Pleasures » n’avait pas osée à ce point de similitude. Entre temps, il y a eu une acclimatation. Prétendre que le groupe n’a pas fini par aimer cet instrument, cela reviendrait à nier toute la discographie de New Order qui suivit. Plus guitaristique par moments, mais surtout plus silencieux donc plus neutre, tel un flottement, « Passover » intrigue à la fois par son implication et par sa distance de commentaire. « Colony », c’est le même genre de bricolage tourmenté qu’au début. Là, on se dit qu’il fallait décidément « Isolation », en deuxième place, histoire de tempérer les ardeurs d’un album brut et, en même temps, d’une régularité ascétique : plus fort, dans l’ensemble, qu’ « Unknown Pleasures », et mieux finalisé. En clair, les aspérités flagrantes témoignent d’une précision calculée, ce que le central « A Means to an End » achève de mettre en place. « Heart and Soul », quant à lui, incarne le relais d’ « Isolation », avec des accents de sérénité qui s’imposent comme jamais, l’un des enregistrements studio où Ian Curtis parvient à poser sa voix au lieu de s’écorcher au contact des instruments. « Twenty Four Hours » offre la contention et l’explosion par intermittence, d’une violence mélodieuse et d’une mélodie violente, paroxysme et point d’équilibre où convergent toutes les ruminations. « The Eternal » et « Decades » planent au-dessus de la mêlée, évocations tranquilles des paradis et des souffrances quand, selon la formule, tout est consommé.

D. H. T.

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