Lavilliers : San Salvador

Rock / France
(1988 - Motors)
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Lyrics


1. SAN SALVADOR



Voguant autour des îles de la mer Caraïbe
Les tamtams vaudous firent se lever les vents
Decouvrant des récifs où des corvetes anglaises
Gisaient depuis longtemps dans leurs manteaux de glaise
J'ai oublié le nom de cette île perdue
Où le courant rapide poussa mon bateau noir
J'ai longtemps recherché une terre inconnue
Planquée au fond des eaux de la mer Caraïbe

Si tu vas à San Salvador
Va voir la femme
Qui sait lire dans les yeux du sort
Aussi dans les flammes
Elle te dira des mots très forts
Comme les tambours
Qui dansent sur la terre des morts
Juste avant le jour

Aux lisières des forêts, du côté de Belém
Vivait un déserteur légionnaire français



Il tenait un comptoir, il vendait des F.M.
Des vivres, des camions, des femmes, du napalm
Il vivait là tout seul, bouffé de fièvre par l'Équateur
La confiance n'était pas son fort, tout se payait D'avance
Sa conscience était dans un port, chez une femme, en France
Il vivait comme un tigre traqué, tendu et relax
Ne parlait jamais du passé, même complètement schlass

Si tu vas à San Salvador
Va voir la femme
Qui sait lire dans les yeux du sort
Aussi dans les flammes
Elle te dira des mots très forts
Comme les tambours
Qui dansent sur la terre des morts
Juste avant le jour

Enveloppé de chlorophylle et de soleil
Le sable blanc des grandes îles berce le sommeil
Les secrets planqués dans des cases ont des goûts truqués
La nuit tombe comme un couteau sur un condamné
Je ne dis rien des précédents pour toi qui m'écoutes
Mon aventure est dans le vent et dans les écoutes
Le temps n'éponge pas le sang et la terre noire
Porte le deuil des innocents et pour leur mémoire

Si tu vas à San Salvador
Va voir la femme
Qui sait lire dans les yeux du sort
Aussi dans les flammes
Elle te dira des mots très forts
Comme les tambours
Qui dansent sur la terre des morts
Juste avant le jour

Quand on n'reste pas dans son trou de la vie à la mort
On prend des rides et puis des coups, aussi des remords
Petite fille de Bahia, tournée vers le large
Attends encore une autre fois, je suis dans la marge
Je cherche toujours l'île perdue dans la Caraïbe
Entre la mort et l'inconnu faible comme une cible

Mais si tu vas à San Salvador
Va voir la femme
Qui sait lire dans les yeux du sort
Aussi dans les flammes
Elle te dira des mots très forts
Comme les tambours
Qui dansent sur la terre des morts
Juste avant le jour






2. LE STEPHANOIS


On n'est pas d'un pays mais on est d'une ville
Ou la rue artérielle limite le décor
Les cheminée d'usine hululent à la mort
La lampe du gardien rigole de mon style
La misère écrasant son mégot sur mon coeur
A laissé dans mon sang sa trace indélébile
Qui à le même son et la même couleur
Que la suie des crassier, du charbon inutile

Les forges de mes tempes ont pilonné les mots
J'ai limé de mes mains le creux des évidences
Les mots calaminés crachent des hauts fourneaux
Mes yeux d'aciers trempés inventent le silence

Je me saoule à New York et me bats à Paris
Je balance a Rio et ris à Montréal
Mais c'est quand même ici que poussa tout petit
Cette fleur de grisou à tige de métal

On n'est pas d'un pays mais on est d'une ville
Ou la rue artérielle limite le décor
Les cheminée d'usine hululent à la mort
La lampe du gardien rigole de mon style






3. LES POETES



Les poètes n'écrivent plus
Sur des plaquettes invisibles
On vissera au coin des rues
Pour faire la pige à l'intangible

Armés de curieuses bannières
Ils prennent les couleurs du temps
Et vont en desserrant les dents
Mordre les pieds des militaires

Les poètes ont des poings énormes
Pour faire éclater les sirops
Les pharmaciens du Renaudaux
Les apothicaire de la forme
Leurs yeux carrés sont des fenêtres
S'ouvrant sur la campagne bleue
Ils ne seront jamais sérieux
Et ne répondent pas aux lettres

Les poètes ne viennent plus

De l'aristocratique classe
De sérieux séniles cénacles
Du trou du fût du dernier cru

Ne marcheront plus dans les rues
Un soleil entre les oreilles
La tête en forme de corbeille
Et les doigts de pieds dans les dus

Les poètes jettent leurs stylos
Et puis dévorent leurs plaquettes
Et s'en vont jeter des fléchettes
Dans le cul de l'académie
Ils chantent avec les voix rouillées
Des images instantanées
Des roucoulements de vautours
En cassant le béton des cours

Leurs guitares internationales
S'envoient des accords dissonants
Et les mots qu'on y voit dedans
Jouent au poker sur les cymbales

Armés de curieuses bannières
Ils prennent les couleurs du temps
Et vont en desserrant les dents
Mordre les pieds des militaires



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