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Biographie : Emmylou Harris

Fille d'un père militaire de carrière, née à Birmingham en Alabama et élevée d'abord en Caroline du Nord puis en Virginie, elle apprend la musique lors de ses brillantes études, et se familiarise avec les premiers enregistrements de Joan Baez puis de Bob Dylan. A vingt ans elle s'installe à New York et travaille comme serveuse dans le quartier branché de Greenwich Village à Manhattan, où le circuit Folk amorce déjà son déclin. Elle se marie avec un auteur compositeur, Tom Slocum, et l'année de la naissance de leur fille Hallie paraît son premier album, Gliding Bird, qu'elle a renié ensuite. Elle divorce vite puis s'installe chez ses parents près de Washington, et seule à Nashville où l'action se passe. Elle est remarquée en 1971 par Chris Hillman des Flying Burrito Brothers alors orphelin de leur co-fondateur Gram Parsons et en déclin. Hillman envisage de l'engager, mais la présente à ce dernier qui cherchait une chanteuse pour l'accompagner sur son premier album solo. Emmylou Harris y participe ainsi qu'à une tournée où les harmonies vocales du duo se révèlent admirables (Gram Parsons & The Fallen Angels - Live 1973), puis à l'enregistrement du second et posthume, Grievous Angel en août 73, enregistrements qui annoncent une tendance alternative à la country music traditionnelle, mais Parsons meurt le 19 septembre, laissant sa compagne désorientée. « Contrairement à une légende tenace, nous n'avons jamais été amants, mais nous le serions sûrement devenus ! » (Emmylou Harris). De retour à Washington elle forme son propre orchestre, baptisé évidemment le Angel Band, puis signe un contrat avec Reprise grâce à l'aide de son amie Linda Ronstadt, rencontrée par l'entremise de Chris Hillman. Elle écrit comme exutoire de sa relation avec Gram Parsons le splendide « Boulder to Birmingham » sa plus célèbre création, qui illumine son Pieces of the Sky de 1975 paru chez Reprise où avait signé Parsons, produite par le Canadien Brian Ahern, collaboration également conjugale qui perdurera jusqu'à White Shoes en 1983, et qui l'entoure à grands frais de musiciens de séances au lieu du Angel Band, tels que les pianistes Bill Payne et Glen D. Hardin, le pedal steel guitariste Ben Keith et le guitariste attitré d'Elvis Presley, James Burton.

Ceux-ci avec d'autres pointures comme l'auteur compositeur chanteur Rodney Crowell alors âgé de 25 ans et qui deviendra l'un de ses principaux collaborateurs, composent un Angel Band plus solide. Paru dans la foulée, Elite Hotel lui gagne aussi un public plus rock et son premier Grammy award. Cet album magnifique est d'ailleurs toujours considéré non seulement comme son meilleur des années 70 et 80, mais comme fondateur d'une nouvelle école, plus ouverte aux influences comme le folk traditionnel et le blues : la perle « Amarillo » est co-écrite avec Rodney Crowell, qui lui offre son « Till I Gain Control Again », tandis qu'elle revisite Gram Parsons (« Sin City » et « Ooh Las Vegas ») et s'approprie le fameux standard « Sweet Dreams ». L'album est n°1 dans les charts country et sa carrière est lancée, au rythme d'un ou deux albums par an pendant les cinq années suivantes.

Juste après cet enregistrement, elle participe au Desire de Bob Dylan (mécontente du résultat), au fameux concert d'adieux du Band le 25 novembre 1976 (The Last Waltz), et à l'American Stars 'N Bars de Neil Young. En 1978, son Quarter Moon in a Ten Cent Townimpose Rodney Crowell comme un auteur majeur avec peut être ses deux plus fameuses compositions : « Leaving Louisiana in the Broad Daylight » et « I Ain't Living Long Like This » qu'il venait de créer dans son propre premier album. Tandis que sa patronne s'attaque au répertoire de son aînée Dolly Parton avec « To Daddy ». C'est ainsi que tout naturellement la même année Emmylou Harris, Linda Ronstadt et Dolly Parton commencent à travailler ensemble à un projet commun qui ne verra le jour que neuf ans plus tard. Au cours des années suivantes Emmylou Harris varie ses productions, du Luxury Liner assez rock en 1977 grâce à l'apport du guitariste virtuose anglais Albert Lee, l'inévitable « disque de Noël » Light of the Stable en 79, un surprenant et bel album de bluegrass en 1980 Roses in the Snow et son traitement du magnifique « The Boxer » de Paul Simon, un premier « live » assez ennuyeux (Last Date) car la dame n'est pas toujours à l'aise en scène (cf. sa première apparition à Paris dans un théâtre des Champs-Élysées archi comble). En 1985 elle propose l'ambitieux et conceptuel où elle évoque encore Gram Parsons, The Ballad of Sally Rose, et deux ans plus tard enfin Trio avec Ronstadt et Parton, collaboration magique (qui sera renouvelée avec moins de bonheur en 1999). La nouvellement élue présidente de la Country Music Foundation dissout son orchestre en 1991 et le refond avec une poignée de musiciens vétérans qu'elle baptise les Nash Ramblers et enregistre à l'auditorium Ryman à Nashville un excellent album en public dont la recette contribue à la restauration de ce lieu mythique.

Devenue une icône pour la nouvelle génération de musiciens et de « song writers » de country alternative, Emmylou Harris donne alors un nouveau tournant à sa carrière, plus ambitieux, risqué car éloigné de ses canons habituels. Et en effet son succès commercial s'affaiblit (son dernier disque d'or remontant à 1981), inversement proportionnel au déluge d'éloges qui pleuvent sur une série d'albums en tous points remarquables, et des concerts passionnants. Le feu d'artifice débute avec le très traditionnel pourtant Cowgirl's Prayer en 1993 grâce à un choix de chansons de premier choix, comme « Crescent City » de son admiratrice Lucinda Williams, « Ballad of a Runaway Horse » de Leonard Cohen ou « The Light » de Kieran Kane. Une miraculeuse association débute ensuite avec le sorcier Daniel Lanois pour le chef d'?uvre Wrecking Ball en 1995, album intemporel et bouleversant de beauté. L'un de ses joyaux est « All My Tears (Be Washed Away) »composé par la chanteuse Julie Miller qui lui présente son mari et alter ego le guitariste Buddy Miller dont le son particulier illumine son nouveau groupe de scène, Spyboy, un trio cette fois. En 1997, Emmylou Harris participe au premier « Lilith Fair Tour » organisé par la chanteuse et auteur compositeur Canadienne Sarah McLachlan, composé uniquement d'artistes féminines, en protestation envers le milieu artistique dont les promoteurs de concerts et les stations de radio refusent de programmer ou de diffuser deux femmes de suite. Son troisième album en public, Spyboy en 1998 est une splendeur, et elle collabore à l'album Teatro lui aussi produit par Daniel Lanois de son vieil ami Willie Nelson qu'elle avait connu sur le tournage du film Show Bus de Jerry Schatzberg en 1981. Dolly Parton, Linda Ronstadt et Emmylou Harris remettent le couvert en 1999 pour Trio 2 enregistré cinq ans plus tôt, et les deux dernières se retrouvent seules pourWestern Wall : The Tucson Sessions avec le soutien de Neil Young dont elles venaient d'enregistrer une version touchante de son « After The Gold Rush » avec Parton. Et encore la même année Emmylou Harris co-produit et participe au second des deux « albums hommage » consacrés à Gram Parsons, Return of the Grievous Angel, (le premier est une compilation publiée en 1993, Commemorativo), où elle chante trois titres en duo, avec Chrissie Hynde, Beck et Sheryl Crow.

Après être apparue dans l'album Telling Stories de Tracy Chapman en février 2000, Emmylou Harris est la vedette le 24 mai d'un concert au Ryman Auditorium qui réunit les artistes qui ont contribué à la b.o. du film O Brother des frères Coen, documenté dans le dvd Down from the Mountain. ; elle y interprète « Green Pastures » avec Gillian Welch et le producteur de celle-ci, David Rawlings, et « Didn't Leave Nobody but the Baby» avec Welch et Alison Krauss. Le 12 septembre suivant Emmylou Harris étonne son public en publiant Red Dirt Girl contenant uniquement ses propres compositions, produit par le Canadien Malcolm Burn recommandé par Lanois, un album encore exceptionnel qui lui vaut un Grammy. Trois ans plus tard elle récidive avec Stumble Into Grace encore produit par Malcolm Burn. En août 2004 elle mène avec Gillian Welch et David Rawlings une tournée folk et country, la Sweet Harmony Traveling Revue, et en juillet 2005 rejoint Elvis Costello dans sa tournée américaine ; tous deux chantent « The Scarlet Tide » pour le film d'Anthony Minghella Retour à Cold Mountain.

Après une apparition dans Prairie Wind de Neil Young, elle apporte son concours au concert télévisé « Shelter From The Storm » en soutien aux victimes de l'ouragan Katrina qui a dévasté la Louisiane le 9 septembre 2005. All The Roadrunning en avril 2006 voit sa collaboration longtemps remise avec le guitariste Mark Knopfler ; l'album à moitié réussi est un succès commercial, tandis que leur concert du 14 novembre au superbe Gibson Amphitheatre à Universal City en Californie fait l'objet d'un documentaire sorti en dvd bien plus passionnant. Entre-temps, sa participation à l'album hommage à Joni Mitchell où elle interprète « The Magdalene Laundries » est l'un des sommets du disque. Le 12 février 2008, madame Harris est enfin élue au Country Music Hall of Fame à Nashville, et publie dans la foulée son vingt et unième album, All I Intended To Be enregistré avec de nombreux amis musiciens et Brian Ahern de retour, et son plus gros succès commercial depuis vingt sept ans. Collectionnant une douzaine de Grammy awards, et elle figure à la cinquième place parmi les plus grandes chanteuses de country, derrière ses aînées Dolly Parton, Loretta Lynn, Tammy Wynette et Patsy Cline dans un référendum télévisé arbitré par ses pairs et tenu en 2002. Toujours très active, Emmylou Harris publie l'album Hard Bargain en avril 2011. Copyright 2010 Music Story Jean-Noël Ogouz




Source : amazon artiste himself