The Overview

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17/20
Nom du groupe Steven Wilson
Nom de l'album The Overview
Type Album
Date de parution 14 Mars 2025
Style MusicalRock Progressif
Membres possèdant cet album5

Tracklist

1.
 Objects Outlive Us
 23:19
2.
 The Overview
 18:21

Durée totale : 41:40

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Steven Wilson


Chronique @ JeanEdernDesecrator

10 Avril 2025

Retour au prog, vers l'infini et au delà

Steven Wilson, c'est comme une boîte de chocolat (je l'ai déjà sortie celle-là), on ne sait jamais sur quoi on va tomber. Surtout que j'ai encore l'arrière goût du bonbon chimique "The Future Bites" qui me revient, le souvenir d'un répertoire de chansons désincarnées, d'une apparente futilité tellement lucide qu'elle en devenait nihiliste. Et j'espère qu'il n'y en a pas d'autres dans la boîte de notre grand blond à lunettes préféré. Son dernier long format "The Harmony Codex", ainsi que son retour studio - et en concert ! - avec Porcupine Tree m'avaient tout de même rassuré : Steven ne reniait plus le prog, ni les instruments en bois d'arbre comme la guitare, et il gardait sa soif d'exploration intacte. Cette fois-ci, un black out, brouillard de guerre impénétrable a entouré la sortie de "The Overview" : pas de single avant coureur, juste quelques coups d'oeil à travers la serrure... Un trailer de 29 secondes avec un extrait instrumental en kaléidoscope vaporeux qui brouille les pistes, ou une annonce de la tournée à venir en 2025, où il dispensait une autre miette musicale de cinq secondes. Il y révélait tout de même que l'album est constitué de deux très longs morceaux, ce qui était pas sans me rappeler ce qu'a fait Blood Incantation l'an dernier avec le fantastique "Absolute Elsewhere ". On était dans le teasing de niveau ultime. C'est donc un saut dans l'inconnu que ce nouveau tome studio, après deux albums foncièrement mus par le côté électro de la force. Des membres de son groupe solo ont participé à l'enregistrement : Craig Blundell à la batterie, Adam Holzman aux claviers et Randy Mc Stine pour quelques soli à la guitare. "The Overview", huitième album solo de Steven Wilson, qu'il a composé et mixé, fait référence au phénomène qui arrive aux astronautes lorsqu'ils voient de leurs propres yeux la terre depuis l'espace, cette prise de recul singulière lorsqu'on sort effectivement de ce monde, finalement une petite bulle fragile dans le noir de l'espace.

Après l'explosion de styles mélangés en tous sens dans un nuage de musique électro qu'à été "The Harmony Codex", il était logique que le disque suivant soit plus concentré et cohérent, dans une autre forme. "The Overview", paru le 14 mars 2025 chez Fiction Records, est structuré en deux très longues compositions, "Objects Outlive Us" et "The Overview", de respectivement 23:19 et 18:21 minutes, mais vaporeusement tranché en dix morceaux. J'avais choisi de faire la première écoute en ignorant ce découpage, pour laisser la découverte se faire à son rythme intrinsèque.
L'histoire est mise en scène par le texte : un alien demande, à Steven Wilson, à l'auditeur, ou à l'humanité dans son ensemble, comment on a pu l'oublier. "Did you forget I exist ?" Énigme !
Ainsi l'intro de l'album, sa naissance à partir de quelques notes qui évoluent et se reproduisent comme des cellules, se fait sur un rythme long, suivant un chemin organique, de manière délayée, s'affranchissant de tout format temporel restrictif, avec des transitions de presque silence. Il en ressort des combinaisons étranges de mélodies et d'accords, sous les impulsions hasardeuses du cerveau qui pense : "Et si...?".
La première piste qui se dégage est "Objects Outlive Us : Meanwhile", chanson tranquille comme une ballade stellaire en guitare acoustique et piano, encadrée par un thème sonnant comme un théorème alien, ou une autre mélodie-code du style du "Rendez-vous du Troisième Type". Ce thème est repris sous d'autres formes, modelé et déconstruit dans d'autres chapitres comme "Objects Outlive Us : The Cicerones / Ark".

Après la fuite en avant synthétique que représentaient "The Future Bites" et "The Harmony Codex", ce nouvel album marque le retour des instruments rock classiques, batterie, basse et guitare. Ceux-ci sont intégrés au service des compositions, par moments (la guitare électrique est employée en interventions, gimmicks ou soli), ou de manière plus frontale, pour le crescendo d'explosion au ralenti de "Objects Outlive Us : The Cicerones / Ark". Les sons sont malaxés dans leurs textures, sur le solo Gilmourien de "Objects Outlive Us : Sons of Toil ", et celui de "The Overview : A Beautiful Infinity/ Borrowed Atoms ", où selon les moments, on ne sait plus si c'est une guitare ou un synthétiseur qui s'épanche.
Plus que jamais, l'expérimentation est au centre de son processus créatif, apparaît dans les compositions finales, à l'origine et dans le détail. Il va plus loin encore qu'il ne l'a fait par le passé, tout en réutilisant toutes les briques de l'ADN Steven Wilson depuis les débuts : il n'était qu'une question de temps que cette idée s'impose et se crée. Par exemple, ses bidouillages avec son synthétiseur fétiche, l'ARP 2600, totalement imprévisible dans son comportement suivant là où on branche ses câbles, émergent-ils sous nos oreilles pour faire naître la suite de la mélodie du premier morceau. La deuxième moitié du disque, "The Overview " (on s'y perdrait) qui dure plus de 18 minutes, se compose de plusieurs parties ; il élargit les distances et la focale en énumérant la taille des objets célestes, des petites lunes jusqu'aux super-amas de galaxies, démultipliant des échelles de grandeur, si inintelligibles pour l'être humain. Il revient à la hauteur d'un souvenir, sur notre Terre puis recommence à dézoomer dans l'infini. Se disperse dans la vacuité au son d'un orgue pensif, et d'un saxo de l'espace.

L'impression générale qui se dégage n'est pas vraiment celle d'un voyage, car je n'en vois pas le cheminement, mais plutôt une rêverie, une expérience de mort imminente où l'âme s'élève à l'infini. On peut l'aborder de plusieurs manières, soit dans la globalité de ses deux chapitres, soit en picorant les morceaux plus structurés comme un gros chacal de playlists. Étrangement, même en écoutant les pistes dans le désordre, on ne se sent jamais perdu. Le temps et l'époque, illustrés par les influences stylistiques bien connues du bonhomme, se mêlent et s'inter-pénetrent, 2025, 1980, 1970, ...2100 ? On reconnaît aussi des bribes de sa propre façon de concevoir la musique sur ses albums passés : une vue d'en haut de sa carrière là aussi.

Poursuivant en quelque sorte "Hand. Cannot. Erase", "The Overview" marque un retour au prog qu'on attendait plus, à l'exact opposé de "The Future Bites". Plus qu'une réinterprétation plus moderne et réaliste du space rock, "The Overview" est un concept album total, ultime, en avance sur son époque. Quel plaisir de reconnaître enfin Steven Wilson à cent pour cent sur son disque, dans chaque seconde, et ses influences, Yes sur la première moitié, et Pink Floyd sur la deuxième. Ces temps-ci, on parle avec une certaine appréhension de l'essor de l'intelligence artificielle dans tous les domaines, y compris dans la musique. Avec "The Overview", Steven Wilson y oppose l'intelligence dans tout ce qu'elle a de plus humaine, en transformant en art l'instrument et la machine, comme des extensions de son âme et de ses doigts. Je ne peux m'empêcher de constater que Steven Wilson, Mikaël Akerfeldt et Ihsahn, collègues du génie musical du vingt et unième siècle, ont par une coïncidence des grands esprits qui se rencontrent accouché de leurs albums les plus ambitieux à ce jour en l'espace d'une petite année. L'univers est le fruit de coïncidences...

5 Commentaires

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JeanEdernDesecrator - 10 Avril 2025:

Merci pour ton commentaire, LonelyRobot, effectivement, Harmony Codex est vraiment excellent , et le nouveau est aussi éclectique mais dans une autre forme...

LonelyRobot - 11 Avril 2025:

Il me tarde de le découvrir. Vraiment ! Encore félicitations pour ce papier magnifiquement écrit, et qui donne vraiment envie... Mmm ! De s'envoyer en l'air ?

JeanEdernDesecrator - 11 Avril 2025:

Ah ! Ah ! Avec le père Steven, s'envoyer en l'air est toujours une métaphore !

LonelyRobot - 12 Avril 2025:

Nous nous sommes compriiis !!! wink

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