Alain Bashung : Bleu Pétrole

Rock / France
(2008 - Barclay)
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Les paroles


1. JE T'AI MANQUE

Je t'ai manqué
Pourquoi tu me visais ?

Tous nos échanges
Coulaient de source
Tous nos mélanges
Côtés en Bourse

Tout est brutal
Botté en touche
Tout à l'horizontal
Nos envies, nos amours, nos héros

Je t'ai manqué
Pourquoi tu me visais ?

Tout est extrême
Limites et cônes glacés
Tout est idem
Les vitrines, les pôles opposés

Dans les étoiles
Ou sous la douche
Tout à l'horizontal
Nos envies, nos amours, nos héros...

Je t'ai manqué
Pourquoi tu me visais ?
Et si l'on disait le contraire
Ou si l'on ne disait rien
Si l'on construisait les phrases à l'envers

Ou si l'on soulevait demain
Qui serait l'adversaire ?
Entre nous qui serait le plus malin ?
Et si l'on disait le contraire
Ou si l'on ne disait plus rien ?

Je t'ai manqué
Pourquoi tu me visais ?

Tout est brutal
Botté en touche
Tout à l'horizontal
Nos envies, nos amours, nos héros

Si l'on suivait les voies ferroviaires
Qui aurait le pied marin ?
Si l'on sifflait les fonds de théière
Ou si l'on ne sifflait plus !
Qui serait l'adversaire ?

Entre nous qui serait le plus malin ?
Et si l'on disait le contraire
Ou si l'on ne disait plus rien ?
Je t'ai manqué ?
Pourquoi tu me visais ?


2. RÉSIDENTS DE LA RÉPUBLIQUE

Un jour je t'aimerai moins
Jusqu'au jour où je ne t'aimerai plus
Un jour je sourirai moins
Jusqu'au jour où je ne sourirai plus
Un jour je parlerai moins
Jusqu'au jour où je ne parlerai plus
Un jour je cou rirai moins
Jusqu'au jour où je ne courirai plus

Hier on se regardait à peine
C'est à peine si l'on se penchait
Aujourd'hui nos regards sont suspendus
Nous résidents de la république
Où le rose a des reflets de bleu
Résidents, résidents de la république
Des atomes, fais ce que tu veux

Un jour je te parlerai moins
Peut-être le jour où tu ne me parleras plus
Un jour je voguerai moins
Peut-être le jour où la terre s'entrouvrira

Hier on se regardait à peine
C'est à peine si l'on se penchait
Aujourd'hui nos regards sont suspendus
Résidents, résidents de la république
Où le rose a des reflets de bleu
Résidents, résidents de la république
Chérie, des atomes, fais ce que tu veux...


3. TANT DE NUITS

Mon ange je t'ai haï
Je t'ai laissé aimer d'autres que moi
Un peu plus loin qu'ici
Mon ange je t'ai trahi
Tant de nuits alité
Que mon coeur a cessé
De me donner la vie
Si loin de moi...

Des armées insolites,
Et des ombres équivoques,
Des fils dont on se moque,
Et des femmes que l'on quitte
Des tristesses surannées
Des malheurs qu'on oublie
Des ongles un peu noircis

Mon ange je t'ai puni
A tant me sacrifier
Icône idolâtrée
Immondices à la nuit
Mon ange je t'ai haï
Je t'ai laissé tuer
Nos jeunesses ébauchées
Le reste de nos vies
Si loin de moi...

Mes armées insolites
Et des ombres équivoques
Des fils dont on se moque,
Et des femmes que l'on quitte
Des tristesses surannées
Des malheurs qu'on oublie
Des ongles un peu noircis
Mon ange je t'ai Haï


4. HIER A SOUSSE

Ici à Sfax (x2)

Hier à Sousse (x2)

Demain Paris (x2)

Aucun cadran n'affiche la même heure
Aucun amant ne livre la même humeur

A New Delhi (x2)

Hier à Sousse (x2)

Aucun amant n'affiche la même heure
Aucun cadran ne livre la même humeur

A nous New York (x2)

Hier à Sousse (x2)

Demain Paris (x2)

Aucun cadran n'affiche la même heure
Aucun amant ne livre la même humeur

A l'intérieur (x2)

Coule la Garonne (x2)

Pas un amant n'affiche la même heure
Aucun cadran ne livre la même humeur

A nous Paris
A New Delhi

Hier à Sousse (x2)

Aucun cadran n'affiche la même heure (x3)
Aucun amant ne livre la même humeur


5. VENUS

Là un dard venimeux
Là un socle trompeur
Plus loin
Une souche à demi-trempée
Dans un liquide saumâtre
Plein de décoctions
D'acide…
Qui vous rongerait les os et puis
L'inévitable
Clairière amie
Vaste, accueillante
Les fruits à portée de main
Et les délices divers
Dissimulés dans les entrailles d'une canopée
Plus haut que les nues…
Elle est née des caprices (x2)
Pommes d'or, pêches de diamant (x2)
Des cerises qui rosissaient ou grossissaient
Lorsque deux doigts s'en emparaient
La pluie et la rosée (x2)
Toutes ces choses avec lesquelles
Il était bon d'aller
Guidé par une étoile
Peut-être celle-là
Première à éclairer la nuit (x3)
Vénus (x3)

Là un dard venimeux
Là un socle trompeur
Plus loin
Une souche à demi-trempée
Dans un liquide saumâtre
Et d'acide…
Probablement qui vous rongerait les os
Et puis
Les fruits à portée de main
Et les délices divers
Dissimulés dans les entrailles d'une canopée
Elle est née des caprices (x2)
Pommes d'or, pêches de diamant (x2)
Et ces cerises qui grossissaient lorsque
La pluie et la rosée
Toutes ces choses
Guidées par une étoile (x2)
Première à éclairer la nuit
Vénus (x4)

Elle est née des caprices (x2)
Pommes d'or, pêches de diamant (x2)
Et ces cerises qui grossissaient lorsque
La pluie et la rosée
Toutes ces choses
Guidées par une étoile (x2)
Première à éclairer la nuit
Vénus (x4)


6. COMME UN LEGO

C'est un grand terrain de nulle part
Avec de belles poignées d'argent
La lunette d'un microscope
Et tous ce petits êtres qui courent

Car chacun vaque à son destin
Petits ou grands
Comme durant des siècles égyptiens
Péniblement

A porter mille fois son point sur le i
Sous la chaleur et sous le vent
Dans le soleil ou dans la nuit
Voyez-vous ces êtres vivants? (x3)

Quelqu'un a inventé ce jeu
Terrible, cruel, captivant
Les maisons, les lacs, les continents
Comme un lego avec du vent

La faiblesse des tout-puissants
Comme un lego avec du sang
La force décuplée des perdants
Comme un lego avec des dents
Comme un lego avec des mains
Comme un lego

Voyez-vous tous ces humains?
Danser ensemble à se donner la main
S'embrasser dans le noir à cheveux blonds
A ne pas voir demain comme ils seront

Car si la terre est ronde
Et qu'ils s'y agrippent
Au delà c'est le vide
Assis devant le restant d'une portion de frites
Noir sidéral et quelques plats d'amibes

Les capitales sont toutes les mêmes devenues
Aux facettes d'un même miroir
Vêtues d'acier, vêtues de noir
Comme un lego mais sans mémoire (x3)

Les capitales sont toutes les mêmes devenues
Aux facettes d'un même miroir
Vêtues d'acier, vêtues de noir
Comme un lego mais sans mémoire (x3)

Pourquoi ne me réponds-tu jamais?
Sous ce manguier de plus de dix mille pages
A te balancer dans cette cage

A voir le monde de si haut
Comme un damier, comme un lego
Comme un imputrescible lego
Comme un insecte mais sur le dos

C'est un grand terrain de nulle part
Avec de belles poignées d'argent
La lunette d'un microscope
On regarde, on regarde, on regarde dedans

On voit de toutes petites choses qui luisent
Ce sont des gens dans des chemises
Comme durant ces siècles de la longue nuit
Dans le silence ou dans le bruit (x3)


7. SUR UN TRAPÈZE

On dirait qu'on sait lire sur les lèvres
Et que l'on tient tous les deux sur un trapèze.
On dirait que sans les poings on est toujours aussi balèzes
Et que les fenêtres nous apaisent

(Instrumental)

On dirait que l'on soufflerait sur les braises
On dirait que les pirates nous assiègent
Et que notre amour c'est le trésor
On dirait qu'on serait toujours d'accord

(Instrumental)

J'ai traqué les toujours, déssossé les déesses,
Gouté aux alentours souvent changé d'adresse.
Ce qui nous entoure l'extension de nos corps,
Quand nous sommes à l'écart mineur chercheur d'or

(Instrumental)

Quand faut-il être fou que faut-il être encore ? (x2)

On dirait qu'on sait lire sur les lèvres
Et que l'on tient tout les deux sur un trapèze.
On dirait que sans les poings on est toujours aussi balèzes
Et que les fenêtres nous apaisent

(Instrumental)

Peut-être que la nuit nous aura fait la trêve
Et qu'aujourd'hui ton sourire fait grève

On dirait qu'on sait lire sur les lèvres
Et que l'on tient tous les deux sur un trapèze.
On dirait que sans les poings on est toujours aussi balèzes
Et que les fenêtres nous apaisent

(Instrumental)

Peut-être que la nuit le monde fait la trêve
Et qu'aujourd'hui ton sourire fait grève.
On dirait qu'on sait lire sur les lèvres
Et qu'on tient tout les deux sur un trapèze

On dirait qu'on sait lire sur les lèvres
Et que l'on tient tous les deux sur un trapèze.
On dirait que sans les poings on est toujours aussi balèzes
Et que les fenêtres nous apaisent.


8. JE TUERAI LA PIANISTE

Je tuerai la pianiste
Pour ce qu'elle a fait de moi
Chaque jour de ma vie
Chaque semaine, chaque mois
Et je mordrai sa joue
Qui un jour fût à moi
Sur le piano de ses nuits
Sur le piano de ses draps
Je tuerai la pianiste
Afin que l'on sache
Que quelque chose existe

Je tuerai la pianiste
Afin que l'on sache
Que la vie d'artiste
N'est pas rose, n'est pas sans tache
Comme un navire qui tangue
Qui rend ses attaches
Je tuerai la pianiste
Afin que l'on sache
Que quelque chose existe
En dehors de ça

Quand elle avait vingt ans
La foule à ses pieds
Sous les lambris dorés
Qu'elle jouait Mozart, Chopin
Je tuerai la pianiste
Qui n'a pas su m'aimer
Dans la chambre je pleure
Où l'amour se cache
Je tuerai la pianiste
Afin que l'on sache
Que quelque chose existe

Et quand ce sera fait
Que le jour sera levé
Sur le satin de ses méfaits
Comme une pierre soulevée
Où grouille la vermine
Dans le champagne et les caviars
Dans son manteau d'hermine
On pourra la voir, le corps abîmé
En haut de sa baignoire
Blanche comme un lys

Je tuerai la pianiste
Pour ce qu'elle a fait de moi
Chaque jour que Dieu fait
Chaque semaine, chaque mois
Et quand ce sera fait
Que le jour se lèvera
Par l'entrée des artistes
Quand on saura que c'est moi
Alors je m'en irais
Je la couvrirai d'or
Alors je m'en irais

Je tuerai la pianiste
Pour ce qu'elle a fait de moi
Chaque jour de ma vie
Chaque semaine, chaque mois
Et je mordrai sa joue
Qui un jour fût à moi
Sur le piano de ses nuits
Sur le piano de ses draps
Je tuerai la pianiste
Afin que l'on sache
Que quelque chose existe

Je suis un indien
Je suis un apache

Je suis un indien
Je suis un apache
Auquel on a fait croire
Que la douleur se cache
Je suis un apache
Je suis un indien
Auquel on a fait croire
Que la montagne est loin

Je tuerai la pianiste (x2)
Je tuerai


9. SUZANNE

Suzanne t'emmène écouter les sirènes
Elle te prend par la main pour passer une nuit sans fin
Tu sais qu'elle est à moitié folle c'est pourquoi tu veux rester
Sur un plateau d'argent elle te sert du thé au jasmin
Et quand tu voudrais lui dire tu n'as pas d'amour pour elle
Elle t'appelle dans ses ondes et laisse la mer répondre
Que depuis toujours tu l'aimes tu veux rester à ses côtés
Maintenant, tu n'as plus peur de voyager les yeux fermés
Une flamme brule dans ton coeur

Il était un pêcheur venu sur la terre
Qui a veillé très longtemps du haut d'une tour solitaire
Quand il a compris que seuls les hommes perdus le voyaient
Il a dit qu'on voguerait jusqu'à ce que les vagues nous libèrent
Mais lui-même fut brisé bien avant que le ciel s'ouvre
Délaissé et presqu'un homme il a coulé sous votre sagesse

Comme une pierre tu veux rester à ses côtés
Maintenant, tu n'as plus peur de voyager les yeux fermés
Une flamme brule dans ton coeur
Suzanne t'emmène écouter les sirènes,
Elle te prend par la main pour passer une nuit sans fin
Comme du miel, le soleil coule sur Notre Dame des Pleurs
Elle te montre où chercher parmi les déchets et les fleurs
Dans les algues, il y a des rêves

Des enfants au petit matin qui se penchent vers l'amour
Ils se penchent comme ça toujours
Et Suzanne tient le miroir
Tu veux rester à ses côtés
Maintenant, tu n'as plus peur de voyager les yeux fermés
Une blessure étrange dans le coeur


10. LE SECRET DES BANQUISES

J'ai des doutes sur le changement de l'heure en été
J'ai des doutes sur qui coule les bateaux, qui jette les pavés.
Des réserves quant à la question d'angle pour le canapé.

J'ai des doutes sur la notion de longévité.
Sur la remise à flot de la crème renversée.
J'ai des doutes, est-ce que vous en avez ?
Est-ce que vous en avez ?
Des doutes, des idées, des rondes, des carrées, des allongées ?
Est-ce que vous en avez, des devises des pensées de l'Asie et du coeur ?
J'ai des doutes sur l'heure à laquelle tu viens de rentrer.
La certitude de t'avoir si fort désirée.

J'ai des doutes, est-ce que vous en avez ?

Je milite au parti Zone B, je milite mais je m'ennuie.
J'ai la détente sensible, l'étiquette fragile, le champagne "douts?".

J'honore la passion du Sans-une-seule-virgule.
Est-ce que vous en avez ?
Est-ce que vous en avez, des doutes des idées des rêves des douceurs éveillés ?
Le gout du danger des routes à prendre ou à laisser ?
Est-ce que vous en avez, du réseau, des rougeurs et des nerfs d'acier ?
Est-ce que vous en avez ?
Déchiffrez les affaires les valises.
Dénoyautez les médias les cerises.
Coupez court à l'appel de la bise.
Et livrez le secret des banquises.

Est-ce que vous en avez ? 8x


11. IL VOYAGE EN SOLITAIRE

Il voyage en solitaire
Et nul ne l'oblige à se taire
Il chante la terre (x2)

Et c'est une vie sans mystère
Qui se passe de commentaire
Pendant des journées entières
Il chante la terre

Mais il est seul
Un jour
L'amour
L'a quitté, s'en est allé
Faire un tour
D'l'autr' côté
D'une ville où y avait pas de places pour se garer.

Il voyage en solitaire
Et nul ne l'oblige à se taire
Il sait ce qu'il a à faire
Il chante la terre

Il reste le seul volontaire
Et puisqu'il n'a plus rien à faire
Plus fort qu'une armée entière
Il chante la terre

Mais il est seul
Un jour
L'amour
L'a quitté, s'en est allé
Faire un tour
D'l'autr' côté
D'une ville où y avait pas de places pour se garer.

Et voilà le miracle en somme
C'est lorsque sa chanson est bonne
Car c'est pour la joie qu'elle lui donne
Qu'il chante la terre


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