En 2023, le très bon "
Staring at the Sun" , troisième long format du groupe, m'avait bien embarqué, ressuscitant le rock new wave du début des eighties, suivi en 2024 d'un EP lapidaire et brut de quatre titres, "Starring At the Moon".
Ed et ses compères dispersés aux quatre coins du pays sont déjà de retour pour un quatrième LP. Pour le dernier arrivé, le guitariste Fred (The Pookies), c'est le premier album où il a participé au compositions, l'occasion pour tout le groupe de revoir la manière d'agencer leur musique, par exemple pour mettre en valeur les refrains. Le processus de création s'est fait principalement à distance, à part quelques titres.
Pour l'enregistrement, le groupe a préparé le terrain avec le producteur Santi Garcia, à partir des maquettes des morceaux qu'ils avaient enregistré.
La galette contient douze titres assez courts, autour des trois minutes. Une fois de plus, la partie visuelle a été confiée à Ulrich Totier, dont le goût de l'étrangeté minimaliste colle à merveille avec le ton décalé de Not Scientists. Le quatrième album de Not Scientists, nommé "
Voices", est paru le 5 septembre 2025 chez Kicking Music.
"Caught in a Web", morceau d'ouverture sorti en single, accroche immédiatement l'oreille, avec ses couplets obsédants et interrogatifs. L'influence de
The Cure est toujours bien présente, c'est celle qui me vient le plus à l'esprit, mais toujours boosté avec une énergie speedée, et un allant furieusement positif. La six cordes est vraiment en avant, et cherche à surprendre à cheval sur un classicisme surrané, qui prend aussi ses racines dans les sixties ("The
City Calls"). La batterie est métronomique, et Le Bazile se montre pointilliste avec son charley qui se démultiplie aux moments stratégiques ("End"). "Cul de Sac" arbore comme thème un pattern de batterie délicieusement pété et syncopé, qui donnerait envie à n'importe quel batteur d'aller toper les baguettes pour essayer de le jouer.
Par moments, lorsque le groupe monte en intensité, il y a un petit côté
Refused, dans l'énergie presque hardcore que le groupe dégage avec ses éléments rythmiques, batterie, voix, et l'attaque des grattes. "Burnout" fonce de manière obstinée, et contrebalance avec un refrain ou un espèce de demi-bend introduit une touche de malaise, comme si le disque ralentissait sur la platine une seconde. Malin ! Cet album est speed quasiment tout du long et ce n'est qu'avec "Remember" aux trois quarts du runtime que le groupe s'apaise - relativement, avec un petit côté emo à l'américaine. D'ailleurs, ce saut de l'autre côté de l'Atlantique se poursuit sur un "Hurricane" qui joue dans la cour punk-rock d'un
Green Day. Le rythme de ralentit donc sur la fin du disque, cela se confirme sur l'ultime piste "The Architect", qui se promène sur un groove tranquille et serein.
Il n'y a guère que sur le plan vocal que le groupe n'a pas vraiment évolué, à part sur les refrains plus travaillés ; le chant de Ed est égal à lui-même, héritier de
The Clash, plutôt rythmique, propulsé par une révolte simple, désabusée et mélancolique, sans chercher à éviter les redondances.
La production Santi Garcia s'adapte à la couleur plus chaude et vivante de ce nouvel album, mettant en valeur la guitare. Le son de guitare semble faire un usage intensif du fuzz, tout en ayant rien avoir avec le stoner, pour distordre son signal avec une chaleur qui la fait fondre avec la basse. Cette dernière a un son rond et chaud qui gronde et participe aux riffs, un peu comme le ferait notre Jean Michel Labadie national (pourquoi je pense tout de suite à Gojira, hein ?!). Les synthés ne versent pas dans le strident comme c'était trop souvent le cas dans les années 80, à croire qu'ils sont utilisés ici comme une guitare supplémentaire... Les claviers sont donc utilisés avec parcimonie, sur "Maze" et "Ball Chain", par exemple, pour ajouter un complément de mélodie à la voix ou aux guitares.
"
Voices" marque encore une progression dans la maturité, en étant moins ancré dans la new wave des années 80- il n'y a plus ce côté très retour vers le futur très présent sur "
Staring at the Sun", et plus moderne dans son habillage sonore. Reste des compositions diablement bien fichues, qui passent dans le sang des les premières secondes...
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire