The Great Radio Controversy

Liste des groupes Hard-Rock Tesla The Great Radio Controversy
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18/20
Nom du groupe Tesla
Nom de l'album The Great Radio Controversy
Type Album
Date de parution 01 Fevrier 1989
Labels Geffen
Style MusicalHard-Rock
Membres possèdant cet album12

Tracklist

1. Hang Tough
2. Lady Luck
3. Heaven's Trail (No Way Out)
4. Be a Man
5. Lazy Days, Crazy Nights
6. Did It for the Money
7. Yesterdaze Gone
8. Makin' Magic
9. The Way It Is
10. Flight to Nowhere
11. Love Song
12. Paradise
13. Party's Over

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Tesla


Chronique @ ZazPanzer

27 Mai 2012

Vital

Le Rock. Le Hard. Le Metal. La Musique. Nous ne pourrions vivre sans. Elle nous nourrit l’esprit, nous accompagne tous les jours dans nos actes quotidiens, du morceau qui nous réveille à celui avec lequel on se couche. Elle fait partie de nous à part entière, a des conséquences, des répercussions dans nos choix. La Musique est notre vie. Un morceau de notre âme. Notre religion, comme le faisait judicieusement observer l’affiche du Hellfest 2011.

Pourquoi ? Comment quelque chose d’impalpable peut-il devenir vital ? Comment un centre d’intérêt devient-il une addiction puis un mode de vie, une façon de penser, une partie dominante de notre personnalité ?

Ce ne sont certainement pas les questions existentielles que se posait Jeff Keith, simple trucker, avant de rejoindre Tesla. Et pourtant… En braillant comme un dégénéré au volant de son camion entre l’Oklahoma et Los Angeles, JK était loin de se douter qu’il allait un peu plus tard marquer à jamais l’Histoire de la Musique.

Retour en 1984. Sous le nom de City Kidd, Tesla fait le tour des bars de Sacramento (Californie) et joue des reprises de ZZ Top, Led Zeppelin et Lynyrd Skynyrd, en fréquentant particulièrement un night-club nommé l’«Oasis» [qui existe d’ailleurs toujours aujourd’hui, malheureusement envahi par les adeptes de David Guetta et autres DJs]. C’est Brook Bright qui se déchire alors les cordes vocales au sein du combo, vite remplacé par Jeff Keith, présenté au groupe via une bande de potes. Jeff gare définitivement son semi-remorque, sa voix si particulière, souvent comparée à celle de Steven Tyler, ayant séduit les musiciens californiens. Le groupe commence alors à incorporer quelques unes de ses compositions à la setlist, que le gérant de l’Oasis trouve à son goût. City Kidd est alors embauché pour jouer uniquement ses chansons, enregistre une démo et décroche bientôt un deal avec un certain Michael Barbiero.

Ce nom, tout le monde le connaît. Barbiero a en effet une carrière de dingue. Connu à ses débuts pour la production de la B.O. du film «Serpico» (1973), Monsieur Barbiero a ensuite travaillé dans la New Wave avec Alphaville, mais a surtout connu la consécration dans le monde du Rock en 1987 pour son travail sur un disque nommé «Appetite For Destruction»… Engagé par Geffen pour dénicher des talents, le duo Michael Barbiero / Steve Thompson prend donc City Kidd sous son aile, quelques années avant de signer les pistoleros de Los Angeles. C’est le début de l’aventure.

Habilement managé, City Kidd devient Tesla (du nom de Nikola Tesla, inventeur entre autres du courant alternatif et des ondes radio), et, à la belle époque des années 80, révolue depuis bien trop longtemps, réussit à négocier 18 mois de préparation pour répéter et peaufiner les morceaux qui figureront sur le très bon «Mechanical Resonance» qui sort finalement en 1986. L’album se vend peu à sa sortie, mais en 8 semaines de tournée avec Van Halen, est écoulé à pas moins de 200 000 copies supplémentaires. A la fin de la tournée avec Def Leppard, ce premier opus est certifié platine, un million de vinyles tournant sur les platines du monde entier.

Le temps passe. La roue tourne. 1989. L’Amérique assoit sa supériorité sur une Europe déclinante. Pour se remémorer le contexte, sortent à quelques mois d’intervalle Dr. Feelgood, Pump, Trash, Mr Big, Winger, Slip Of The Tongue, Bad English, Gutter Ballet, Skid Row, ou Headless Children pour ne citer que les albums les plus connus… Alors que pleuvent des disques cultes, Tesla va tranquillement se hisser artistiquement au dessus de cette incroyable mêlée. Que s’est-il passé cette année en Californie ? Les fées on-t-elles touché du doigt la salle de répétition de Tesla ? Les prières de Frank Hannon au Dieu Page ont-elles été exaucées ? Les heures de répétition, d’engueulades constructrices backstage, de fiesta dans les tour-bus, ont-elles permis au groupe de se fondre dans un seul et même homme-orchestre ?

Comme tout ce qui touche au surnaturel, les explications sont vaines. Magie, travail, peu importe. Toujours est-il que Tesla sort en cette divine année 1989 un album touché par la grâce, exploit qu’ils ne rééditeront jamais. Alors que leur premier opus était un excellent disque, ce second essai est définitivement une œuvre magistrale, parfaite.

«The Great Radio Controversy» mêle de façon experte des influences venues à la fois du Rock Sudiste, du Hard Rock US des années 70 et 80, et parfois même de la Country et des airs traditionnels américains quand on écoute les parties acoustiques. Pourquoi est-il alors si spécial ?

La force de cet album réside en partie dans son unité. Comme pour tous les chefs d’œuvre, ce ne sont pas 13 morceaux distincts qui figurent sur cet album, mais un ensemble indissociable et non interchangeable de titres invitant au Voyage. A l’image de la cover, sur laquelle on découvre un gamin des années 50 captivé par le transistor familial qui va lui ouvrir, il s’en rend compte, les portes d’un nouvel univers dont il ne soupçonnait pas l’existence, on «rentre» littéralement dans l’album dès les premières notes de basse qui introduisent «Hang Tough» pour n’en sortir repus, épanoui, qu’après le dernier coup de vibrato du très justement nommé «Party’s Over».

Au cours de ce périple intérieur, on aura apprécié une production exemplaire, à la fois très fine et puissante, brillamment travaillée par le duo de choc Thompson/Barbiero. Tous les instruments sont sublimés, parfaitement à leurs places, se mettant en valeur réciproquement. La section rythmique joue ainsi parfaitement son rôle : loin d’être discrète, elle est au premier plan sans pour autant voler la vedette aux guitares. On est bien loin de certains mix poussifs typiques des années 80, ces disques dans lesquels on entendait uniquement le chant, ou inversement ceux dont la grosse caisse étouffait le reste des instruments. Non, on a ici affaire à du grand Art, maîtrisé de A à Z par des professionnels.

Le seul morceau vraiment rapide de l’album étant «Yesterdaze Gone», le travail du batteur Troy Luccketta pourrait paraître pour certains néophytes loin d’être spectaculaire. Ils s’apercevront cependant au fil des écoutes qu’il est tout à fait remarquable. La frappe, violente et redoutable, du cogneur s’accompagne ainsi de breaks tout en finesse, évoquant ceux de Jeff Porcaro ou de Ian Mosley. Le bassiste Brian Wheat accompagne puissamment ou délicatement son compère de lignes de basse très mélodiques, toujours audibles pour notre plus grand plaisir.

Mais malgré la performance exceptionnelle du couple Wheat/Luccketta, ce sont les parties de guitares qui se taillent la part du lion. Variées, osées, pures, flamboyantes, complémentaires, brillantes, les adjectifs manquent pour décrire la magie gravée à jamais par Frank Hannon et Tommy Skeoch sur ce bijou. «Makin’ Magic» porte à ce titre bien son nom, exemple parmi tant d’autres de la maîtrise des deux virtuoses. La base rythmique des morceaux constituant déjà un écrin de toute beauté, les soli et autres interventions (et il y en a partout !) viennent tout au long de l’écoute magnifier le joyau que constitue «Great Radio Controversy», faisant passer cette œuvre dans une autre dimension pour tout guitariste intéressé par la technique. Mélodique reste le maître mot, il me semble, pour résumer la prouesse des deux solistes. Car chaque note est ici à sa place et a son importance. Et pourtant, vue la vitesse d’exécution de certaines parties, il aurait été tentant, comme on le fait tous, apprenti-sorciers que nous sommes, de «placer» des gammes qui sonnent, mais qui restent impersonnelles. Frank et Tommy laissent ça aux Malmsteen et autres fous de la branlette de manche, pour rentrer dans la cour des Grands. Chacun de leurs solos écrit une histoire, que l’on suit avec intérêt du début jusqu’à la fin… A ce titre, ils se rapprochent plus de Marty Friedman ou de Randy Rhoads, pour qui la vitesse devait avant tout se conjuguer avec Emotion - Randy Rhoads, à qui un hommage est rendu dans l’introduction de Love Song, la structure rappelant bien évidemment Dee - .

Quant au chant, qu’en dire à part que Jeff Keith est un diamant brut, non taillé, et que son talent nous explose à la gueule à chaque instant ? Des lignes de chant non linéaires, à la limite du phrasé live, lui permettent de distiller avec sa voix rauque, écorchée, un feeling particulier et reconnaissable entre tous. On notera d’ailleurs dans la structure des morceaux l’importance des breaks (Hang Tough, Did It For The Money ou Makin’ Magic), qui permettent à JK de délivrer toute l’émotion qu’il est capable de transmettre.

Nombreuses et variées sont les surprises que nous réserve cette pépite... Ainsi, une fois le disque apprécié à un premier niveau pour son dynamisme, sa gaieté, l’enthousiasme qu’il nous procure, on peut en faire une seconde lecture, plus profonde. «La mélancolie, c’est le bonheur d’être triste» disait Victor Hugo. De la même façon, en étant attentif, on pourra trouver sur tous les morceaux une alternance de tons, de contrastes ou d’intonations rendant la musique riche, innovante, joyeuse mais triste, positive mais sombre, peinte en clair obscur, à la manière de Rembrandt. Le ton mineur de «Lazy days, Crazy Nights» dénote par exemple avec son côté insouciant et ses lyrics, hymnes à la paresse et à la bringue. C’est parfois au contraire la voix de Jeff, rocailleuse à souhait, qui vient assombrir le fun du morceau... Qui aime la cuisine fine et le vin connaît l’importance des saveurs qui restent en bouche, et donnent une seconde vie, un nouveau souffle au palais. Ecouter Tesla, c’est s’attabler devant un chateaubriand accompagné d’un château Petrus 2000.

Et curieusement, alors que tout laissait prévoir l’accession de ce groupe à la gloire et aux sunlights, il n’en sera rien. Bien sûr, le groupe connaîtra le succès (Love Song, que Geffen voulait supprimer de l’album, rentrera quand même dans le Top 10 des charts américains), mais jamais la popularité de Tesla n’atteindra celle des Guns ou de Mötley. La faute peut être à un mode de vie pas assez «people», trop calme comparé aux frasques de Slash et de Nikki ? Aux albums suivants, très moyens ? Intéressant parallèle avec Nikola Tesla… Sa découverte de la radio ne lui sera attribuée que 43 ans après sa mise au point, 6 mois avant sa mort. Elle avait été usurpée par Marconi, concurrent scientifique, et surtout meilleur businessman que Monsieur Nikola…

Mais peu importent les chiffres, l’Art s’en passe très bien. La musique de Tesla est profonde et multiple, comme la Vie. Si Jeff, conduisant son camion en 1982 ne se posait pas les questions abordées au début de ce pavé que peu de lecteurs auront lu jusqu’au bout [merci à vous], il y répond malgré lui aujourd’hui :

Le Rock. Le Hard. Le Metal. La Musique. Nous ne pourrions vivre sans. C’est parfois seulement grâce à des albums comme «The Great Radio Controversy» qu’on trouve la force de se lever le matin.

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TheCapricorn - 28 Mai 2012: C'est marrant, je venais de découvrir le groupe avant que tu poste cette chronique. Super, je suis presque d'accord avec tout ce que tu dis ! Belle chronique !
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