Liste des groupes Rockabilly Stray Cats Stray Cats

J'aurais dû me méfier !

Déjà, la pochette. Rock. Sale. Forcément. Trois kids mal dégrossis qui veulent jouer les terreurs et qui sont en fait... des musiciens ? Des vrais ? Des purs qui jouent du vrai rock'n'roll et tout ? La réponse est sur la galette, gravée sur un microsillon, le long de 12 plages, inégales, forcément, puisqu'il s'agit d'un premier album, qui vont du bon au prix d'excellence, voire au cultissime (toujours dans la mesure, hein, coco !). Je m'explique... Les Stray Cats sont 3 jeunes mâles américains (et c'est très important), qui ont été foutus dehors de chez eux, parce que le rockab' en 1980 aux States, hein, tu m'as compris... on a autre chose à vendre, des trucs bien, je sais pas, moi, Patrick Hernandez ou les Bee Gees, du lourd, quoi !!! Donc, nos 3 matous, tricards chez eux (comme qui déjà ? ah, oui, un certain Jimmy, trop en avance pour ses Expérience guitaristiques), décident de suivre un manager véreux nommé Tony Bidgood (si, si, je vous jure...) et de s'exiler chez les Anglais, ce curieux peuple qui écoute des bizarreries comme Matchbox, Crazy Cavan ou Shakin' Stevens. Les concerts prévus sont bien entendu annulés (voire inexistants). Heureusement, le hasard des rencontres leur permet de faire leurs premières armes et les Britons, héberlués, restent bouches bées devant les scènes où se produisent nos minets. Tout ça arrive aux oreilles de certaines personnes plus ou moins bien implantées dans l'industrie Rock britannique (genre Mick Jagger, Joe Strummer, Rod Stewart...) et les maisons de disque font la queue backstage pour les faire signer. C'est Arista qui remportera la mise grâce à Dave Edmunds qui veut les produire.

Brian (Setzer, guitare et chant), Slim Jim (Phantom, batterie) et Lee (Rocker, contrebasse) se retrouvent donc en studio avec un épineux problème à résoudre ; comment retranscrire en studio ce qui se passe sur scène ? La réponse est simple, carrée, directe ; tout enregistrer en direct, en se regardant dans les yeux, une prise et, hop, c'est dans la boîte. Et, là, le miracle a lieu. Ces 3 morveux nous infligent une leçon de Rock'n'Roll comme on ne l'avait plus entendu depuis... pfff, au moins... Le père Setzer, à 21 ans sait mieux jouer de sa Gretsch (la guitare des grands, voir Eddy...) que n'importe lequel de tous les gratteux du pseudo-revival qui nous les brisent depuis 10 ans. Sa voix peut passer du brut de décoffrage (Jeannie, Jeannie, Jeannie) au pur sucre (I Sure Miss You, pas sur l'album, mais allez donc les voir en concert), Lee Rocker joue de la contrebasse... attendez, je vous laisse respirer, assimiler... vous avez bien compris ? Pas de la basse, instrument trop subtil ( ou pas assez ?) pour ce genre de musique, non, une bonne vieille contrebasse, 4 fois plus grosse que lui, et qui donne ce son, ce "slap" obligatoire à tout bon groupe rockab' qui se respecte. Et puis, il y a cette grande seringue de Slim Jim Phantom, aussi "slim" que cogneur patenté, capable de faire swinguer l'ensemble avec une caisse claire, une cymbale et une grosse caisse... et c'est tout ! La double grosse caisse, pas le genre de la maison, passez votre chemin, mon brave.

Le Disque ? Alors, en premier, il y a "Runaway Boys", qui parle de garçons qui fuient de chez eux... ça me rappelle quelque chose... Bon, je vais être franc avec vous, mesuré dans mes propos, objectif, tout bien... c'est une des 3 meilleures chansons des 5 derniers siècles (vous voyez, je m'emballe pas). A mon avis,ça devrait faire un certain bruit, ce petit bijou, mais on est pas dans le pur Rockab'... Passons donc à la plage suivante, "Fishnet Stockings", et là, c'est toute l'histoire du Rock qui est résumée en un peu plus de 2 minutes, le temps pour Maitre Setzer de nous montrer ce que c'est qu'un solo de guitare Rockabilly, puis un 2eme solo de guitare Rockabilly, puis un 3ème solo... "Ubangi Stomp", de Warren Smith, semble avoir été réécrite pour faire danser les squaws autour du poteau de torture (ou les go-go danseuses autour de la barre de strip-tease ?), "Jeanie, Jeanie, Jeanie",un classique de Cochran qui aurait gobé un acide, on arrive au brulôt "Storm the Embassy", et son incitation à aller brûler l'ambassade d'Iran... Bon, chacun en pensera ce qu'il en veut, n'empêche que c'est une sacrée bonne chanson. Et ensuite, dernière de la face A, ma préférée, ma secrète, ma chérie, "Rock This Town". Imparable. Parfaite. L'hymne du Rock'n'Roll. Well, my Baby and Me Went Out Late On Saturday Night... TOUT EST DIT. Ils ont tout compris. "Rumble in Brighton", chanson à la gloire des bastons entre mods et rockers sur la plage de la station balnéaire, est dans la lignée de "Runaway Boys", et puis, on tombe dans le sublime... "Stray Cat Strut"... son intro et ses Woo-Woo-Woo-Woo... sa ligne de basse impeccable, ses accords jazzy, son swing, sa,ses,son... une merveille que tout un chacun doit savoir par coeur... S'ensuit "Crawl-up and Die", reprise éhontée (et non créditée) de "Please Gimme Something", "Double Talkin' Baby", reprise de Gene Vincent bourrée de testostérone et de piment, genre "faut-qu-j-y-aille-vite","My One Desire", où notre blondinet tatoué va faire craquer toutes les pépettes de supermarché avec son yoddle, pour finir par "Wild Saxaphone", pas forcément la plus aboutie de l'album, mais avec ce qu'ils nous ont déjà mis dans les feuilles, on leur pardonnera.

Ainsi, donc, naissent les légendes,allez en paix, mes biens chers frères et soeurs, nantis de votre album "Stray Cats", ainsi que d'une platine disque, sinon il ne servirait à rien. Dernier conseil ; assurez-vous qu'il y a de l'électricité, car les Cats, eux, en ont à revendre

KEEP ROCK'N'ROLL ALIVE !!!

HOTRODFRANCKY