La guitare acoustique trouve un terrain de prédilection dans le folk, mais c'est oublier qu'elle est utilisée dans d'autres styles plus rock, ne serait-ce que pour la composition. C'est ainsi que le groupe Damage Done en a fait l'ingrédient principal de sa musique, autour de la voix profonde et singulière de Romaric Lamare.
Avec des premières traces d'activité officielles avec un premier concert en septembre 2015, Damage Done a débuté en faisant des covers acoustiques d'artistes aussi divers que
Pearl Jam,
Lynyrd Skynyrd ,
Alice In Chains,
Neil Young, Pantera ou même Slayer, le plus souvent en duo. Principalement un groupe live, ses prestations lui ont valu des apparitions au Hellfest. Ils ont pris le temps de construire leur propre univers, ce qui s'est concrétisé de manière particulière pendant le premier confinement, et a abouti à la sortie d'un premier EP en 2020, "
The Fire".
Stabilisés à quatre avec Romaric Lamare (chant, guitare), Florian Saulnier (guitare , chœurs), Victor Pierrard (basse, claviers, samples), et Antoine Denis (batterie), les Nantais on vu leur projet de premier disque prendre plus de temps qu'espéré au départ. Enregistré, mixé et masterisé depuis fin 2022 sur une période de six mois au Spearhead Sounds Studio de Nantes, "
Stranger Skies" est paru le 28 mars 2025 chez Klonosphere/Season Of Mist.
Avec leur premier titre et single "Abyss", les Nantais ont élargi leur proposition, avec une ambiance sombre, non dénuée d'une certaine chaleur, qui enrichit leur ADN folk. Le nom du groupe ne fait-il pas référence à la chanson de
Neil Young, "The Needle and the Damage Done" ? On y pense lorsque les chansons sont dépouillées, dans leur plus simple appareil ("Broken"), et lorsque l'aspect folk se mâtine d'Americana, avec de la slide sur "
The Fire", ou se rapproche du
Pearl Jam de ces dernières années ("
Stranger Skies"). Le grunge et la musique des années 90 infusent l'ambiance des chansons, particulièrement lorsque les choeurs harmonisés nous ramènent du côté d'
Alice In Chains... Si ce n'est que les guitares restent sèches, mais chaudes et nostalgiques.
La voix ténébreuse de Romaric, qu'on pourrait rapprocher d'un mélange entre...
Art Garfunkel, Lane Staley (
Alice In Chains) et Phil Anselmo (Pantera), je vous laisse un instant pour vous faire une idée... est vraiment au centre, juste devant nous et on voit qu'ils savent à la perfection remplir l'espace autour avec la matière acoustique, et des arrangements justement dosés. La section rythmique joue la sobriété, avec un certain groove lancinant, en témoigne l'intro de "A Place to Call my Own", où le naturel du bois fait résonner les toms.
Les morceaux sont assez longs sans que cela ne se fasse sentir, et une longue piste dépassant les neuf minutes vient terminer l'album de belle manière.
Au premier abord, seul le morceau "Abyss" semble réellement pousser son incursion sur un rock sombre, et c'est là que Damage Done m'a vraiment accroché. Mais en écoutant de plus près, la voix pleine de grit et de douleur contenue et la batterie assez lourde font parfois plus penser à Pantera qu'à Simon & Garfunkel, et ce n'est pas pour me déplaire. Il n'en reste que ce folk rock aux émotions grunge, héritier de l'unplugged de
Nirvana ou de l'album acoustique d'
Alice In Chains, est une première étape où Damage Done commence à esquisser une personnalité attachante.
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