Liste des groupes Glam Rock Kix Blow My Fuse

Vous souvenez-vous des céréales Kix de Nestlé, ces délicieuses billes de maïs soufflées et dorées au miel qui comportaient 8 vitamines et du fer et dont les paquets bleus de 375 grammes étaient ornés d’un requin portant des lunettes de soleil ? Noyées dans un bol de lait frais et après l’ingestion préalable d’un grand verre de jus d’oranges pressées, la consommation de ces céréales que l’on ne trouve malheureusement plus dans les supermarchés d’aujourd’hui à l’instar des légendaires Lucky Charms, Choco Pops, Loops, Crispy Sea Vanille et autres Crackles était effectivement l’assurance d’une journée réussie à dessiner des têtes de morts sur sa table d’écolier, à user et abuser de sa sarbacane à air comprimé faite artisanalement d’un effaceur/réécriveur Magic et d’un stylo bille Reynolds sur le tableau noir de la classe et à parler inlassablement sur le bitume de la cour de récréation des exploits footballistiques des immuables Patrice Loko, Florian Maurice, Japhet N’Doram et autres David Zitelli. De nos jours, faute de pouvoir compter sur Kellog’s et la LFP pour améliorer significativement notre quotidien, il est néanmoins toujours possible de se donner une pêche d’enfer dès la première heure de la journée grâce à un autre Kix qui à défaut de se manger matinalement se consomme avec les tympans de façon insatiable à toute heure de la journée ou de la nuit.

Kix se forme en décembre 1977 à Hagerstown dans le trou du cul du Maryland autour du guitariste Ronnie « 10/10 » Younkins et du bassiste Donnie Purnell sous le patronyme improbable de The Shooze. Rebaptisé intuitivement et à juste titre Kix à l’aube des 80’s et bien qu’ayant rejoint l’écurie new-yorkaise Atlantic Records, le combo craquant sort trois albums passés plutôt inaperçus et jouit donc d’un succès commercial mi figue/mi raisin qui le cantonnera bien malgré lui aux scènes des clubs de la côte est jusqu’à ce 19 septembre 1988 à marquer d’une pierre blanche dans l’Histoire du groupe et du rock n’ roll car voyant la sortie du chartbuster « Blow My Fuse » dans les bacs de tous les record-stores du pays. Attention, les plombs vont sauter…

Que peut-on attendre d’autre d’un album de sleaze rock/hair metal cuvée 1988 qu’une efficacité mariée à un enthousiasme à couper le souffle ? Rien bien évidemment, et Kix semble l’avoir très bien compris à mesure que l’auditeur apprécie le hard rock inspiré de l’introductif et très bon « Red Lite, Green Lite, TNT ». Rythme relativement soutenu, gros riffs hard rock façon 70’s signés messieurs Ronnie "10/10" Younkins et Brian "Damage" Forsythe, solo d’harmonica ; l’inspiration de Led Zeppelin et plus généralement du hard rock de la décennie 70 s’avère être criante sur ce titre qui rappelle à qui l’ignorerait encore que Kix à bourlingué pendant onze longues années depuis 77 avant de donner naissance à cet album s’avérant être l’opus de la consécration cf son atteinte de la 46ème place du Billboard 200. Malgré sa touche 70’s et à défaut d’être un combo accusant conceptuellement quinze ans de retard sur ses contemporains tel le Kingdom Come de Lenny Wolf ; Kix s’avère être une entité on ne peut plus ancrée dans la deuxième moitié des années 80 et donc bien à sa place en cette sainte année 1988 notamment grâce à des refrains catchy repris en chœurs par l’ensemble du quintette sleaze d’Hagerstown sur les énergiques « No Ring Around the Rosie », « Cold Blood », « Piece of the Pie » et autres « Blow My Fuse ». Que dire de la ballade « Don’t Close Your Eyes » et de son inénarrable et kitschissime introduction de clavier Lansay que n’aurait certainement pas renié le Alliage de la sublime « Lucy » et qui incontestablement fera tout au long de son écoute douter l’auditeur quant au caractère authentique ou parodique (au choix) de cette langoureuse complainte néanmoins belle et inspirée.

Véritable énigme de ce sympathique « Blow My Fuse » ; l’identité vocale de Steve Whiteman, l’homme au bâton de dynamite en guise de microphone pertinemment immortalisé sur la pochette du précédent album « Midnite Dynamite » et qui à elle seule justifierait presque l’acquisition de ce disque sorti en 1985. A mi chemin entre un John Fogerty du mythique Creedence Clearwater Revival et un Brian Johnson du non moins légendaire AC/DC, et parfois même un Jack Russell de Great White notamment sur certains passages de la ballade précédemment énoncée ; la prestation vocale de Whiteman sur ce quatrième album de Kix semble tant différer d’un morceau à l’autre qu’on en viendrait presque à croire que plusieurs vocalistes ont participé à l’enregistrement de « Blow My Fuse ». Qu’en est-il réellement ? Le mystère doit rester intact, conférant à Kix un caractère de légende digne des plus grands ; l’essentiel étant d’apprécier primairement ce disque au volume 11 de sa chaîne hifi une bouteille de sky à la main, l’entrejambe sirupeusement gluant d’une bimbo peroxydée à l’autre main pour se rendre finalement compte qu’Hollywood n’a jamais eu le monopole des bons groupes de sleaze et que la grisaille et la preppy life que l’on aurait tendance à associer inconsciemment au Maryland peut donner naissance à des démarches rock n’ roll indignes des mises en scène utopiques des publicités pour Polo Ralph Lauren ou autres Abercrombie & Fitch. Preuve en est, l’ultime et sleaziesque « Dirty Boys » qui a l’honneur de clôturer la galette et de faire le fan ranger dans sa discothèque ce « Blow My Fuse » pas très loin des immuables « L.A. Guns » et autres « Faster Pussycat ».

L’âme des 70’s téléportée aux fastes et décadentes années 80, l’adoption de presque tous les codes et gimmicks du genre et bien sur un hard rock d’obédience sleaze énergique et super efficace qui serait presque à même de foutre une banane d’enfer au croque mort jaune/vert de Lucky Luke ; tel est la bande annonce de ce quatrième album intitulé « Blow My Fuse » d’un groupe qui aujourd’hui mérite amplement de revoir la lumière du jour et de blaster dans les enceintes malmenées de tout fan de hair metal/sleaze rock qui se respecte. Doté d’un logo de groupe et d’une pochette typiquement 80’s qui avouons-le sembleraient peut être plus appropriés à une galette de thrash metal, le classieux « Blow My Fuse » de Kix justifie très largement les quelques euros pour lesquels il se propose de squatter votre étagère… et votre platine bien sûr. Rock on’ dirty motherfuckers !