Plume Latraverse : Chants d'Epuration

Folk Rock / Canada
(2003 - Disques Dragon)
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Letras

1. LE LAPIN REPRODUCTEUR

Avec une femme dans ma cabane
Pour me r’monter mes culottes
Un gros stock de légumes en canne,
Des pétaques pis des carottes
Me v’là grayé, cent milles à l’heure,
Pour copuler avec ardeur...
Comme un lapin reproducteur

Avec une femme dans ma cabane
Pour les longues soirées d’hiver
Au lieu d’s’cal’feutrer les organes
En se méfiant des courants d’air
Adolphe content, aimer chaleur,
Faire des enfants, prendre ça à cœur...
Comme un lapin reproducteur

Alors, voilà... c’comme à l’usine:
Je m’exécute... Faut qu’ça lapine!
C’est pas qu’la modestie m’étouffe...
Y faut ben que j’me garde un
Peu d’temps pour la bouffe!

Avec une femme dans ma cabane,
Dans le terrier de mes nuits
Histoire de profiter d’la manne
Tout en brûlant mes calories
Je tire un coup en le buvant,
J’en bois un autre en le tirant...
Comme un lapin reproduisant

Je tapine d’une muse à l’autre,
Je suis toujours dans le jus
Par fécondité, je me vautre
Dans l’insémination tordue
À l’accouch’ment, j’file en douceur,
J’ai fait ma job de géniteur...
Comme un lapin reproducteur

Avec le temps, je m’affadis
Moi, qui étais... si diguidi
À force de vouloir prendre son pied
Ça fait six mois qu’Adolphe
Est pogné dans l’clapier

Fa’ qu’j’reste assis dans ma cabane
A’ec les oreilles qui m’pendent d’ins yeux
Juste l’idée de tomber en panne
M’fait encore plus tirer d’la queue
J’aurai vécu comme un rongeur,
Le cul repu, le frein dans l’beurre...
Comme un lapin reproducteur

Entre mes incisives, lubrique,
Se faufile une aspiration
Suis-je encore assez prolifique
Pour vous grainer que’qu’p’tites chansons
Dans l’creux d’l’oreille, chers auditeurs,
Avant l’sommeil réparateur?
Comme un auteur-compositeur...


2. ANGÉLATINE

Un monde qui s’écroule,
Un autre qui renaît
Plus on perd la boule,
Plus les jeux sont faits

Hasards de la vie,
Évasion du temps
Vivez vos folies!
Gagnez ben d’l’argent!

Un cœur qui s’éveille,
Un autre qui s’endort
Un lit, faut qu’ça s’paye...
La bourse ou la mort!

Pays en délire,
Cerveaux pollués
Je n’sais plus que dire,
Ma langue est mêlée

Rythme des saisons,
Futur antérieur
Pâtés de maisons,
Viande à l’intérieur

Courage à deux mains,
Bâtons dans les roues
Poursuis ton chemin...
Ange-Aimée trente sous!


3. ÉROSION ÉOLIENNE (...ET CHAPEAU MORAL)

Sous une brise paresseuse
Une branche ployait mollement
Une pomme aux rondeurs juteuses
Au soleil offrait son flanc

Un oiseau-mouche... en rafale
Vint effleurer son contour
Téléscopé dans la talle
De capucines tout autour

Ainsi en va-t-il du monde
Un vent souffle sur son esprit
En érodant dans sa ronde
Ses valeurs et ses acquis

Sous une brise paresseuse
Une branche ployait mollement
Une pomme on n’peut plus pulpeuse
M’tomba soudain sous l’Adam...

...Et Ève
Couchée dans un hamac,
Clapotée par le lac
Retenue dans les airs
Par deux gros conifères

Le vent entre les mailles
Soulève son chapeau d’paille
Pour saluer le temps
Qui s’écoule doucement...

Sous son chapeau moral
À la place des anges...
Chantonnent des mésanges:
“Vienne. vienne...
Le temps des brûlots!”


4. LE KAYAK ROUGE

Un kayak rouge
Qui s’en va sur les flots
Quand rien ne bouge
Que les pagaies dans l’eau

Un kayak rouge
Solitaire sinuant
Sillonnant dans le temps
Sur l’étang qui s’étend...
Dans le reflet du ciel
Quand rien ne bouge
Dans les rayons de miel

Un kayak rouge
Ruissellant de soleil
Entre les deux oreilles
À des pagaies pareilles...
Enrobé de nuages
Quand rien ne bouge
Que le bleu se dégage

Un kayak rouge
Un tapis miroitant
Dans le vert qui se tend
Sur les cèdres pendants...
Que le silence gagne
Quand rien ne bouge
Dans le creux des montagnes

Un kayak rouge
Glissant sur les années
Menant sa destinée
Par le bout de son nez...
Envolé dans un songe
Perdu dans ses mensonges
Et un huard qui plon-on-ge...


5. ÉCHOLALIE (QU'EST-CE QUI?)

(Qu’est-ce qui?)
Qu’est-ce qui nous vaut l’honneur?
Qu’est-ce qui nous encense?
Qu’est-ce qui vous vaut l’horreur?
Qu’est-ce qui vous dispense?

Qu’est-ce qui, chez l’étranger,
Suscite un peu la gêne
Quand un kankon s’met à parler?

Est-ce, à n’en point douter,
L’accent qui lui donne de la peine
Ou le fait de n’pouvoir... en profiter?

Qu’est-ce qui, chez le hibou,
Évoque une mise en scène
Quand une citrouille s’met à hurler?

Est-ce le hou-hou-hou...
Comme le lointain chant des sirènes
Ou le fait de n’pouvoir... la débiter?

Qu’est-ce qui, chez la tortue,
Peut crisper la bédaine
Quand un vieux lièvre s’met à craquer?

Est-ce la peur de l’intrus
Ou la crainte d’avoir la migraine
Ou le fait de n’pouvoir... se l’expliquer?

Qu’est-ce qui, chez le taureau,
Peut modifier l’haleine
Quand l’toréro saute à cloche-pied?

Est-ce la pluie de bravos
Ou le soleil qui baigne l’arène
Ou le fait de n’pouvoir... l’envoyer chier..?

Qu’est-ce qui nous splashe
Sur le plancher des vaches?
Qu’est-ce qui nous lie et fait qu’on en arrache?

Y a-t-il, dans l’air,
Des effets secondaires
Qui font... qu’au fond, on est en beau joual vert?

Qu’est-ce qui fait qu’une pauvre
Citrouille sans tache...
Se ramasse avec huit livres de hasch?

Qu’est-ce qui la pousse?
Est-ce pour cela qu’elle tousse?

Qu’est-ce qui fait qu’un jeune kankon ben g’lé
Se ramasse avec un étranger?

Pas même l’Histoire
Pourrait nous l’faire savoir!

Qu’est-ce qui nous vaut l’honneur?
Qu’est-ce qui nous enchante?
Qu’est-ce qui vous fout l’horreur?
Qu’est-ce qui vous tourmente?


6. BLOUSE D'AUTOMNE

Avec de belles couleurs flambées
Finale grandiose d’un été...
Qui s’abandonne

La vie refoule vers l’intérieur
Dans un col roulé de fraîcheur...
D’automne

Les feuilles tombées comme des cheveux
Pourriront sous le temps pluvieux...
Qui se referme

Squelettes d’arbres aux bras tendus
Dont les fruits mûrs sont tous rendus...
À terme

C’est l’aventure solitaire
Qui s’emmitoufle et qui se terre...
Dans sa masure

Une fois que l’été a été
Feu de fleurs, fumée envolée...
Nature

C’est la distance qui se dispose
Dans la définition des choses...
Comme un recul

Figeant le cycle des saisons
Pour le placer en position...
Bascule

Détachée du monde extérieur
La vie se dépouille de ses heures...
Morte lumière

Avec ce lac qui la regarde
Renvoyant sa lueur blafarde...
L’hiver


7. LE VASTE MONDE (LA VIE NOUS RATTRAPE)

On arrive toujours
Au bout du parcours
Du lieu d’où l’on vient

Toujours à l’affût
De ce que l’on fut,
Toujours on revient...

Poursuivre ses envies,
Finale asservie
À qui nul n’échappe...

À quoi bon courir?
Tenter de s’enfuir?
La vie nous rattrape

Comment se comprendre
Sans se faire surprendre
Par l’ennui qui veut

Étirer les jours,
Diluer l’amour...
Filaments baveux?

Se heurter le front
Sur l’ultime affront
À qui nul n’échappe...

Les années d’usure,
Les points de suture
La vie nous rattrape

Dépression nerveuse,
Sinistrose creuse,
joyeuse imposture

Toxicomanie,
Maladies bannies...
Sous la couverture!

Compassion futile,
Existence stérile
À qui nul n’échappe...

Flatteuse de bédaine,
Énergie soudaine
La vie nous rattrape

Margoulins du vice,
Vendeurs de services,
Marché dévolu

Économie reine,
Télé souveraine...
Contrôle absolu

Montagnes d’ordures,
Consommation pure
À qui nul n’échappe...

Politique de poches,
Publicités moches
La vie nous rattrape

Pourquoi ce tapage,
Tout ce dérapage
Qui mine la boule?

Tapage sur la gueule
Pour qu’elle, toute veule,
Entre dans le moule

Engraisser la terre,
Mode vestimentaire
À qui nul n’échappe...

Macchabée fétiche
Qu’on sort de sa niche
La vie nous rattrape

Organes qu’on trafique,
Boum anatomique,
Conscience taciturne

Dissection fertile,
Esprit mercantile,
Pollution diurne

Pas de maquillage
Face à ce pillage
À qui nul n’échappe...

Comme les honoraires,
Les frais funéraires
La vie nous rattrape

Planète qui tourne,
Climat qui s’enfourne
Et culte du vide

Ressources qui s’épuisent,
Industries qui puisent,
Bras de fer avides

Armes biologiques,
Grande fosse septique
À qui nul n’échappe...

L’humanité siège
Sur son propre piège
La vie nous rattrape

Où faut-il aller,
Vers où s’envoler...
Quand on est la route?

Vaut-il mieux se fondre,
Ne pas se confondre
Dans cette déroute?

Perdu dans la ronde
De ce vaste monde
À qui nul n’échappe...

À quoi bon souffrir?
À quoi bon mourir?
La vie nous rattrape


8. BEAU FILON!

C'est un bien beau filon
C'est un filon soulon
Un genre de filon sans fond

Où je plante ma boussole
Pour consulter le sol
Et en tirer des paroles

Alors que par dessu les dunes
Les nuages se lancent la lune
D'une nuit blanche à l'autre

Comme l'écho d'un éclat
Dans l'oeil mort du molla
La musique s'en va par la

C'est comme les enfants obèses
Qui se bourrent de mayonnaise
Pis qui mangent des tartes aux fraises

Y on l'air de bottes de foin
Qui s'arrondissent les coins
Tout ca n'est pas très malin

Alors que dans certains pays
On grave sa vie sur un grain de riz
Une journée à l'autre

Des paroles de chanson
Affleurent dans la boisson
On dirait des bancs de poisson

Il y as des cas uniques
Quelques peu spécifiques
Pour le moins cacophoniques

Au viennent faire faux bond
Toutes les motivations
Qui sautillent sans grande conviction

Alors qu'on s'habitue à tout
Sauf aux caillous ou aux ptits clous
Dans un soulier ou l'autre

Vous qui couvez au creux
De mon vieux crâne en feu
Faitent vous donc aller un ptit peu

Les ventrus, les fessus
Les dodus, les cuissus
Toutes ces belles paroles bien charnues

Les popounnes, les toutounes
Avec leurs grosses foufounnes
Forment des rimes assez nonounes

Alors que c'est gros mots m'obsèdent
Que je marche sur une corde raide
D'un pas boîteux à l'autre

A la va comme jte pousse
Ma muse se trémousse
Et le beau filon prend du lousse

Vive les patapoufs
Vive les gros sacs a bouffe
Vive les gros tas pi les grosses touffes

Toutes ces expressions
Me font bonne impression
Et peuvent vite remplir une chanson

Alors que j'exploite le filon
Que je prospecte à coup de crayon
Une feuille blanche à l'autre

J'ai déja cinq couplet
Et j'affiche complet
Même si j'trouve ca un peu simplet

Quelle veine!


9. TURLUPINADES

Le poids des images
Se gagne avec l’âge
Quand l’âme lâche espère
Dans son corps larvaire

Quand les escogriffes,
Ballotines à griffes
Disent un ”Notre-Père”
Au lieu d’prendre un verre

En parlant aux murs,
Un muet murmure
Qu’un aveugle a vu
Dans une revue

Un sourd qui écoute
La pluie qui dégoutte
Dans l’esprit pervers
Du vieux Lucifer

Religions idiotes
Qui piaillent et radotent
Car les culs bénis
Ne quittent plus le nid

Années sabbatiques,
Gestes automatiques
Belles images en bulles,
Lumineuses et nulles

Ces paroles en l’air,
Vaut-il mieux les taire?
N’y a-t-il rien de pire
Qu’avoir rien à dire?

Voir ses amygdales
Comme des spirales
Le poids des images
N’est que bavardage

Allusions confuses,
L’âme lâche s’y amuse
Comme ces ballotines
Dans leur corps en ruine

Vieilles métaphores
Qui n’crient pas très fort
N’ayant aucun doute
Que les murs écoutent

Bagou qui débloque,
Voix qui soliloquent
La parole abstraite
Se paye la traite

Le vers libre rampe
Sous la main qui crampe
Sorti de nulle part,
Arrive et... repart


10. L'INTOLÉRABLE INTOLÉRANT

J’suis intolérable, j’suis intolérant
Je n’supporte plus les fumistes fumants
Les politiciens...
Pis les zigzagueux d’autoroute

À bas la boucane, le parfum puant!
Plus de cellulaires dans les restaurants!
Les crottes de chien...
Qu’on attende pas qu’ça fasse des croutes!

Les vedettes d’la télé
Qu’on voit tout l’temps m’font déborder...
Je suis sursaturé
Sont partout d’ins journaux,
Dans les annonces, à la radio
Pensent jamais qu’y en font trop!

J’suis intolérable, j’suis intolérant
Je n’supporte plus les téléromans
La périodes des Fêtes...
Pis les bicyclettes su’l trottoir

C’comme les festivals,
Les grands évènements
Qui prennent en otages
Les pauvres résidents
L’orgasme à tue-tête,
Les rues bloquées, soir après soir

J’aime mieux l’évacuer,
Faire sortir ça... que d’le garder
J’p’us capab’ d’m’endurer
J’suis quand même pas
Pour me fermer les yeux à toués trois pas
J’vas tomber dans l’coma

J’suis intolérable, j’suis intolérant
Tous ces enfants-rois avec leurs parents
Me donnent des boutons...
À force de consommer de l’air

C’est intolérable d’être intolérant
J’me supporte même p’us...
Chus trop fatiquant!
Chaque fois qu’j’hausse le ton,
J’perds une belle occasion d’me taire

J’gueule après le “loafer”
Qui néglige de mettre son “flasher”
Ou j’engueule mon “toaster”
J’peux même p’us voir un chien
Sans penser à c’que j’aim’rais faire
À son propriétaire
J’suis intolérable, j’suis intolérant
Que me reste-t-il pour passer le temps?


11. LA TRAVERSÉE DU DESSERT

Avec la tête nomade
Et les pieds sédentaires
Des idées un peu fades
Traversait le dessert

Avec la mine peu présentable
D’un grand apeuré de l’hiver
Qui a des fantômes à sa table
Traversait le dessert

Le cœur à sec, foi mortifiée,
Rictus au bec et cors aux pieds
Sables mouvants sous ses pas...

Un regard fou au d’ssus du nez,
Yeux dans l’même trou, cerveau cloîtré
Dans un couvent tout là-bas...

Des squelettes qui s’enlacent
Comme des vieux amoureux
Tout passe, tout casse, tout lasse
Le dessert est dégueu...

Tu mets des pavés sur ma route
Sans toi, mon toit fuit comme le vent
Ma tête condense, mon âme dégoutte
Et c’est très dégoûtant
Et c’est très dégoûtant
Et c’est très dégoûtant
Et c’est très dégoûtant
...Les pieds dans les plats' hen


12. SANS NOMMER D'NOM

Tout comme ceux qu’on a connus
Dans nos voyages
Et dont nous sont revenus
Que les visages

Tous ceux qu’on a rencontrés
Dans ces fulgurantes années
Sont -ils vivants, disparus...
Esprits perdus?

Toutes ces fioles dont j’me souviens
Quand j’tourne les pages
Que j’aimais ou qu’j’aimais moins
Selon l’usage...

Silhouettes que je cotoyais
Dans la faune où je pataugeais
Vie publique que j’ai passée
Ar le passé

Les vieux mutants mammifères
De mon village
Qui ont tous eu que’qu’chose à faire
Dans mes images

Les sommeliers sans sommeil,
Grands chevaliers d’la dive-bouteille
Imbuvables assoiffés
De liberté

Figures de broue envolées
Sur mon passage
Filles d’ascenseur rencontrées
Ent’ deux étages

Compagnes du septième ciel
Ou compagnons artificiels
Ont pris chacun leur chemin
Et moi, le mien

Reste-t-il quelque secret
Dans le sillage
Que nous laisse le temps après
Les grands sparages?

L’illusoire tourbillon
Qui éparpille les ambitions...
Les rêves irréalisés,
Cicatrisés

Est-ce pour ne pas s’faire coincer
Par son bagage
Qu’on en vient à s’délester
Dans un virage?

Est-ce d’être trop près des gens
Qui nous rend, un jour, si distants?
Au point d’faire comme la marée...
Et s’retirer

Si mon fantôme vient traîner
Dans les parages
C’est pour subir un léger
Dépoussiérage

Faux plis balayés en l’air
Pour faire sortir les pensionnaires
Qu’on oublie dans l’drap “contour”
Qui nous entoure

Tel un joyeux troubadour
Du Moyen-Âge
J’ai la mémoire qui fait l’tour
De son ombrage

J’salue tout l’monde que j’connais
Et que je n’connaîtrai jamais
J’vous inscris dans ma chanson...
Sans nommer d’nom

Je suis passé dans ma nuit
Comme un nuage
(...Et j’ai revu les amis
De tous les âges...)
Ainsi finit mon petit pèlerinage

(... Je suis passé dans ma nuit...)

Comme y a autant d’dispersion
Dans la vie que dans les chansons
J’vous garde au chaud dans ma tête,
Comme dans une fête...


13. ÉPURATION EXTRÊME

Ils s’étaient dit : ça nous épurera
Ça f’ra du bien, ça lav’ra nos péchés!
Nature, air pur... des belles vacances-santé
Rien de plus sûr, ça nous relaxera!

Après de longues randonnées en forêt
On pourra faire du sport a’ec les enfants
Rien de mieux pour faire sortir le méchant
Se r’mettre à neuf et changer de couplet

Papa plein-air... pis maman camping
Attendent en ligne
À la frontière, les enfants trépignent
Ça se tiraille et ça rechigne...
C’est mauvais signe!
Les enfants braillent,
C’est le chant du cygne...

Ce beau voyage dont papa rêvait
S’est terminé dans une crise de nerfs
Deux s’maines de pluie et le vent en colère
Ont refroidit l’ardeur qui l’avivait

La patience maternelle a cafouillé
Entre les maringouins et l’eau courante
Surtout quand elle a envahi la tente
En laissant les sacs de couchage mouillés

Papa plein-air... pis maman-camping
Attendent en ligne
À la frontière, les enfants trépignent
Ça se tiraille et ça rechigne...
Ç'est mauvais signe
Les enfants braillent,
C’est le chant du cygne...

La bataille a pogné au bout d’deux jours
Y faisait froid pis y avait rien à faire
Climat propice pour que la hache de guerre
Se déterre, toute seule, en ce beau séjour

Papa plein-air qui engueulait maman
Maman camping qui campait dans l’auto
La tête calée sur un gros sac à dos
Tout ça, à la plus grande joie des enfants!

Papa plein-air... pis maman-camping
Attendent en ligne
À la frontière, les enfants trépignent
Ça se tiraille et ça rechigne...
Le char sent l’swing!
Les enfants braillent,
C’est le chant du cygne...

Ah, pleurez p’us, les enfants!
On va r’commencer l’année prochaine...


14. BLACK OUT (SANS QUEUE... NI TÊTE)

(Les plus fins palais seront congelés)

Tout avait commencé
Dans l’presbytère avec le Père Grainier
Y m’a craché dans ‘ face
Quand y est paqu’té, lui, y donne pas sa place
J’y ai donné mon p’tit change
En y criant : crache d’ins vidanges...
Abuseur d’anges!

Y s’est mis à m’fixer
En m’susurrant : tu veux-tu rire de moé, toé?
J’y ai dit : j’suis une burette
Je n’ai que faire de vos clochettes
Y m’a pogné par les côtes
Pis y m’a bu d’un bout à l’autre

J’y ai tombé dans l’estomac
En faisant : flâ... kaflâ... kaflâ... kaflâ!
Comme y avait pas d’lumière
J’pouvais rien voir, tell’ment qu’y faisait noir
J’me su’ senti tout p’tit
J’v’nais d’m’accoter sus sa vessie

(Que Dieu vous graisse la face)

Black out!

À la baissée d’la braguette
J’me suis r’trouvé dans les toilettes...
Avec les “botches” de cigarette
Dign’ment, j’me suis r’levé
En me d’mandant c’qui avait ben pu s’passer
Une burette vide sur une table
Ça ‘ rien d’ben ben invraisemblable...

Avec un p’tit peu de chance...
Pis un bon coup d’hâche dans l’front
Sans queue... ni tête!


15. MÉLI-MÉLOPÉE

Prends ton étoile,
Voyageur clandestin
Et lève les voiles
Dans la brûme du matin...

Laisse faire les routes trop belles
Coupe à travers les ruelles
Cette voix qui t’appelle
Viendra défricher ton chemin
Et tes mains trouveront le moyen
De tenir la vie et d’y mourir enfin...

Prends ton étoile,
Tes chansons, tes chagrins
Que se dévoile
Ton fruit dans tous ses grains...

Que la création vienne
Ta vie sera la sienne
Ton âme magicienne
S’éclatera entre ses reins
Et tes mains trouveront le moyen
De tenir la vie et d’y mourir enfin...

Prends ton étoile
Et l’espace dans tes mains
Tisse ta toile,
Brosse tes lendemains...

Laisse aller l’esclavage
Reprends ta vie sauvage
Et que le grand ménage
Puisse alors te mener à rien!
Quand tes mains trouveront le moyen
De tenir la vie et d’y mourir enfin...

Cris d’amour...
Qui résonnent dans la nuit des temps
Bruits qui courent...
Et qui meurent quand le soir descend

Le matin s’est levé sans attendre
Que la nuit renaisse de ses cendres
Cris d’amour...
Se fanant comme l’esprit des fleurs
Sans retour...

Perdant, chaque jour, de leurs couleurs
Je sais bien que la vie fait en sorte
Que l’espoir viennent glisser sous la porte
Nuit sans fin où s’abîment les rêves
Comme les vagues s’égosillent sur la grève
Cris d’amour...

Étouffés par trop d’habitudes
Suivent leur cours
Se moulant dans la solitude
Le destin prend la vie, l’envoie paître
Comme le chien tient en laisse son maître


16. AQUARELLE

Dorure bleutée, miroir étale
Zeste argenté, éclat final
Calme assouvi, voix chancelante
Journée ravie, estompes lentes
Volutes roses, barbe à papa
Gris qui se pose, panorama
Ouate violacée, turquoise fondu
Ciel affaissé,chanson pondue...

Pendue... pondue... pendue... pondue...

Les yeux grand ouverts...
Pour mieux boire le ciel
À l’abri de...
Rien, rien, rien
Rien


17. LE CŒUR DE L'ACTION

De ne pas avoir suivi
Le chemin qui donne l’impression
D’avoir réussi sa vie
D’avoir voulu être en marge...
Et bien voici que je le suis
Sans profession... ni prophéties

D’avoir voulu contourner
L’av’nante av’nue du succès
Avec tous ses succédanés
D’avoir voulu m’attarder
À buissonner dans les fossés
Je suis restée... du bon côté

Je n’ai plus de peurs
Plus de passions,
Plus de douleurs
Je suis sans cœur...
Et sans rancœur

D’avoir voulu emprunter
Le sentier qui mène
À la solitude de la liberté
D’avoir voulu m’avancer
Jusqu’au bout de toutes mes idées
N’suis pas dev’nue... plus débridée

D’avoir voulu m’envoler
Vers un ciel différent
De celui qui m’était proposé
De ne pas m’être mise les ailes
Dans c’qui pouvait les empeser
Me suis perdue... à me chercher

Je n’ai plus de peurs
Plus de passions,
Plus de douleurs
Je suis sans cœur...
Et sans rancœur

D’avoir toujours refusé
De n’être qu’une p’tite passagère
Du grand voyage organisé
De délayer ma folie
Dans un bain d’imbécillités
Farceuse farcie... dénoyautée

D’avoir voulu tout changer
D’avoir voulu faire bouger,
Je me suis vite fait dépasser
Et c’qui m’avait motivée
M’a laissé le ventre vidé
Mais à quoi bon?
Je n’suis qu’l’action...

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