Lavilliers : Etat d'Urgence

Rock / France
(1983 - Barclay)
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Lyrics


1. ETAT D'URGENCE


Seul
Sous un ciel minéral
Seul
Dans le règne animal
J'peux vraiment plus choisir entre le bien, le mal
Au bord du précipice je vais mal, je vais mal

Je vais mal
Couché sur le côté dans un hôtel sordide
Le mythe du rock'n'roll me prend comme un bolide
Des guitares déchirées, vestiaire puant la sueur
Poème carbonisé, un monde suant la peur, sueur la peur
J'suis en état d'urgence

Seul dans la lumière blance
Malgré les apparences
Tu sais la différence
J'suis en état d'urgence
Passez le miroir
Troublants de désespoir

Plus loin à quelques blocs, au fond d'un entrepôt
Le grand marché aux gays, aux confins du Soho
Enchaînés dans des cages et vendus chaque nuit
Conduits par un nabot aux ongles noirs vernis, sans un Cri

Des sexes désossés, du sang et de l'éther
Hommes de cuir clouté, sur des chaînes de fer
Dans le brouillard glacé, tout près de la rivière
Où rôdent les truckers et leur peinture de guerre, c'est La guerre

J'suis en état d'urgence
Seul dans la lumière blance
Malgré les apparences
Tu sais la différence
J'suis en état d'urgence
Passez le miroir
Troublants de désespoir
Seul
Jusqu'au bout de l'enfer
Seul
Au-dessus des cartères

J'ai perdu mes racines et je cherche mes mots
Broyé par la machine aux confins du Soho, de Soho, de Soho
Je vais dormir enfin dans un hôtel sordide
J'ai passé la journée à choisir le calibre
Mon cerveau déchiré va retrouver la peur
Poème carbonisé ne permet plus d'erreur, plus d'erreur

J'suis en état d'urgence
Seul dans la lumière blance
Malgré les apparences
Tu sais la différence
J'suis en état d'urgence...




2. Q.H.S.


C'est l'hiver et nous tournons en ronds
Sans rien faire - sans chanter de chansons
Au fond des corridors
Enfants des courants d'air
Au dessus du grillage on voit
L'arrogance de leurs armes, tu vois
Je ne suis pas à plaindre, crois-rois moi
On s'occupe de moi

On dirait
Qu'ils veulent nous détruire
On dirait
Qu'ils veulent nous réduire
Je n ai pas de remords
J'suis un enfant perdu
Je suis dans les nuages, c'est vrai
Ici rien n'est réel, tu sais
Peut-être qu'on se réveille jamais
Mais qu'est-ce qu'on avait fait

J'suis un hors-la-loi
Au goût de penthotal et de cendre
J' suis un hors-la-loi
La vie est au-delà, tu lui ressembles

J'attends le jour
J'attends mon tour
J'attends toujours
J'attends, j'attends

La mort facile
Idiot tranquille
Jaguar castre
Pris au filet
J'écris ma rage
Je prends de l'âge
J'connais c'est sûr
Toutes les fissures-
Chaque millimètre
De mes trois maîtres

Les bruits, les heures
La nuit, la peur
J'vois ton visage
Ouvrir ma cage
J'ai ton odeur
J'sens ta chaleur
Je crie ton nom
Je crie l'amour
Je vis toujours
Combien de temps
J'attends, j'attends
J'attends

C'est l'hiver
Et nous tournons en rond
Sans rien faire
Sans chanter de chansons
Au fond des corridors
Enfants des courants d'air
Au-dessus du grillage. On voit
L'arrogance de leurs armes tu vois
Je ne suis pas à plaindre, crois-moi
On s'occupe de moi

J' suis un hors-la-loi
Au goût de penthotal et de cendre
J' suis un hors-la-loi
La vie est au-delà, tu lui ressembles

Je suis un hors-la-loi
Au goût de penthotal et de cendre
Je suis un hors-la-loi
Le ciel est gris acier, comme en décembre

Et j'attends! J'attends!




3. A SUIVRE


Septembre est venu dans la lumière
J'ai jeté mon sac à l'hôtel du port
Un goût de sel sur une paupière brulée
J'veux savoir si tu m'aimes encore,
Si tu m'aimes encore,

Accoudé au bar de l'univers
C'est l'heure où la bière se transforme en or
Un soleil rouge éclaire nos voiles usées
J'veux savoir si tu m'aimes encore,

Criolla
Ce soir je chanterai pour toi
Criolla
J'ai composé d'autres sambas

Je veux d'alcool et des chansons
Je veux les fruits de la passion
Tu verras au fond de mes yeux
Beaucoup de visages
Marins perdus, frères déchirés

Par les grands orages
Il y a trois sortes de gens
Les morts et les vivants
Et ceux qui sont en mer

La plage est déserte, j'entends la mer
Battre les remparts de Saint-Malo
Murs de granit que rien ne peut tomber
Dites-moi, si elle m'aime encore
J'ai le cœur gonflé d'un mal étrange
Comme les immigrants et les étrangers
Je ne sais pas si je dérange encore
Je n'sais rien, je viens d'arriver

Criolla
Ce soir tu danserais pour moi
Criolla
Dans le bar du tropicana

Chansons de mer, chansons d'amour
Au fond des verres, on voit le jour
Si tu veux encore de ma peau
De mes tatouages
Je dormirais dans ton lit clos
Très loin des nuages
Si rien n'est plus comme avant
Je s'rais un mort vivant
Comme ceux qui sont en mer

J'ai ramené du rhum de Jamaïque
Et des champignons du Mexique
J't'ai ramené des fleurs des tropiques
Et des gris-gris du Centre-Afrique
Des odeurs du sang d'la musique
Des couleurs et des cicatrices
J'ai brûlé les bougies du saint
Arrosées de mon sang carmin
J'appelle Yemanja de la mer
Celle qui tue ou bien espère

La nuit est tombée sur mes prières
Elle s'est endormie à l'hôtel du port
Mon goût de sel sur sa crinière mouillée
Avec elle, je voyage encore...
Je voyage encore... je voyage encore...




4. IDEES NOIRES


Il se lève, c'est l'heure, écrase son mégot
Dans sa tasse de café, éteint la stéréo
Eteint le lampadaire, éteint le plafonnier
Eteint dans la cuisine, met la sécurité
Un couloir, une porte, un lit
C'est la nuit

Quelques pills pour dormir, je n'sais plus où je suis
Un store noir, une porte, un lit
C'est l'ennui
Rien à faire pour l'amour, mais ne dis pas toujours
Où es-tu, quand tu es dans mes bras?
Que fais-tu, est-ce que tu penses à moi?
D'où viens-tu, un jour tu partiras
Où es-tu, quand tu es dans mes bras?

Je fais des mauvais rêves, j'suis sur un mauvais câble
Dans la paranoïa, pas de marchand de sable
J'vois en panoramique urgente et désirable
Une blonde décapitée dans sa décapotable
Cauchemar, highway, bad trip
Fumée noire

Une vamp vorace tue au fond d'un couloir
J'en sors pas, cafard, bad trip
Idées noires
Avalé par l'espace au fond d'un entonnoir

J'veux m'enfuir, quand tu es dans mes bras
J'veux m'enfuir, est-ce que tu rêves de moi
J'veux m'enfuir, tu ne penses qu'à toi
J'veux m'enfuir, tout seul tu finiras
J'veux m'enfuir, quand tu es dans mes bras
J'veux m'enfuir, est-ce que tu rêves de moi
J'veux m'enfuir, tu ne penses qu'à toi
J'veux m'enfuir, tout seul tu finiras

J'veux m'enfuir, j'veux partir, j'veux d'l'amour, du Plaisir
D'la folie, du désir, j'veux pleurer et j'veux rire
J'veux m'enfuir, j'veux partir, j'veux d'l'amour, du Plaisir
D'la folie, du désir, j'veux pleurer et j'veux rire
J'veux m'enfuir, j'veux partir, j'veux d'l'amour, du Plaisir
D'la folie, du désir, j'veux pleurer et j'veux rire

J'veux m'enfuir, quand tu es dans mes bras
J'veux m'enfuir, est-ce que tu rêves de moi
J'veux m'enfuir, tu ne penses qu'à toi
J'veux m'enfuir, tout seul tu finiras
J'veux m'enfuir, quand tu es dans mes bras
J'veux m'enfuir, est-ce que tu rêves de moi
J'veux m'enfuir, tu ne penses qu'à toi
J'veux m'enfuir, tout seul tu finiras




5. LE CLAN MONGOL


Je n'ai pas une minute à perdre
J'écris
Il est cinq heures et je précède
La nuit
Mon feutre noir sur le papier
Va vite
Pendant que ma lucidité
Me quitte

J'écris c'que j'ai vu
Diagramme des détresses
Le collier, la laisse
Je n'supporte plus
Vinyl de la rue
Fantôme de la vitesse
Tous ceux que je blesse
Je n'm'en souviens plus

J'ai atteint la date limite
Pour le suicide idéal
La date que j'avais inscrite
A quinze ans dans mon journal

Je croyais, la vie passe vite
Je croyais, je n'crois plus en rien

Es-tu prêt à mourir demain ?
Es-tu prêt à partir si vite ?
Les yeux baissés tu ne dis rien
J'ai atteint la date limite

Je ne suis plus de votre race
Je suis du clan Mongol
Je n'ai jamais suivi vos traces
Vos habitudes molles
J'ai forgé mon corps pour la casse
J'ai cassé ma voix pour le cri
Un autre est là qui prend ma place
Un autre dicte et moi j'écris

L'autre
Je suis l'autre

Venez entendre la fissure
Le cri
De la sensibilité pure
Celui
Qui se dédouble et qui s'affronte
La nuit
Celui du sang et de la honte
Folie


Folie que j'ai vue
A l'angle des stress
Dans la jungle épaisse
Des mots inconnus
Je vois ou j'ai vu
Hôpital silence
Tout ce que je pense
Je n'm'en souviens plus

J'ai dépassé la limite
Du scénar original
Rien à voir avec le mythe
Etalé dans le journal

Tu croyais, la vie passe vite
Tu croyais, tu n'crois plus en rien

Je suis prêt à mourir demain
Je suis prêt à partir très vite
Regard d'acier je ne dis rien
J'ai dépassé la limite

Je ne suis plus de votre race
Je suis du clan Mongol
Je n'ai jamais suivi vos traces
Vos habitudes molles
J'ai forgé mon corps pour la casse
J'ai cassé ma voix pour le cri
Un autre est là qui prend ma place
Un autre dicte et moi j'écris




6. NEW-YORK JUILLET


New York Juillet, chaleur épaisse
Sueur, poussière et paresse
Odeur de brûlé et de graisse
Couleur, néon fluor
Trois heures AM, deux blocs à l'est
Sax ténor, sur une fenêtre
Le son est noir et bleu comme la nuit
Musique en rouge et or
New York Juillet dans tes narines
Silence glacé ? Cocaïne
Chambre inconnue, miroirs, caresses
Odeurs, poppers and sex

New York Juillet, mes mains qui glissent
Tequila fraîche, sur tes cuisses
Trois mots tapés sur la machine
Tee-shirt trempé gazoline
Adolescentes, en roller skates
Funky music, à fond la caisse
Training moulant, longues chaussettes
Ambiance dorée, paillettes
Paupières bleues des filles pâles
CB GB dans un râle
Harley surchauffée, shadows
Blousons de cuir poussière


New York Juillet, brûlés d'Afrique
Jusqu'à la 125e street
Range ses bijoux et puis s'endort
Cinq heures tout près du port
Un taxi jaune, la fumée bleue
Sax ténor, bien vitreux

La Liberté saigne en vitrine
Statue, couronne d'épines

La Liberté saigne en vitrine
Statue, couronne d'épines

New York Juillet...
New York Juillet..





7. VEGAS


Assise en plein soleil
Au milieu du désert
A Vegas à midi
Sous les grands néons verts
Blonde comme Marilyn
Et noire a la racine
Elle pleure sur ses pourboires
Et ne sait plus quoi faire

Doris a vingt ans
Go Go girl plein temps
Au Caesar Palace
Les manques et les passes
A l'Holiday Inn
Le bar, la piscine

Au fond du casino
Elle ne sait jamais l' heure
Elle voit pas la lumière
Elle sent plus la chaleur
Doris travaille là
Las Vegas Nevada
Un tiers Cosa Nostra
Deux tiers pour la Maffia

Doris a vingt ans
Et couche à mi-temps
Avec un balèze
Légèrement obèse
Un peu roux et rose
Qui lui r'file sa dose


On n'peut pas jouer
Quand on est employé
On voit tous ces connards
Qui flambent leurs dollars
La chaussette nylon
Le bermuda à fleurs
César du Middle West
Sur la photo couleur

Doris a vingt ans
Pas là pour longtemps
Juste pour le fric
Juste pour le kick
Puis elle s'envolera
Broadway, me voilà

Assise en plein soleil
Avec l'ombre d'un doute.




8. SAIGNEE



Saignée était nue à mes pieds
Saignée au visage de mythe et au corps de puma, était nue Sur la plage
Saignée belle forêt de nacre
Savoureuse fleur de massacre
Sexe insatiable aux langues de vipères
Saignée aux seins d'écume, aux offrandes terrifiantes
Saignée aux odeurs de sauvage
Saignée qui recule à mesure que ma main avance entre tes Cuisses ouvertes

Sois toujours ouverte devant moi Saignée
Nous irons habiter la maison de ma jeunesse
Ton corps modèlera mon lit perméable et maculé de ton Sang comme autrefois
Saignée toi qui avale mon sexe sans quitter le ciel
Saignée ta voix résonne dans mes veines
Femme aux pensées verticales, aux orifices vibrants
Je porterai ton corps dans la maison de mon choix, Saignée

Fauchant les obstacles d'un seul regard de ton sein Vengeur
Vois, la maison approche
Ses neuf fenêtres s'ouvrent et se ferment à mesure que je Respire
Saignée, touche ces murs gris
Pousse la porte qui ne se fermera qu'une seule fois pour Ne jamais plus s'ouvrir
Comme ma verge t'abîme quand elle te pénètre brutalement
O Saignée, Saignée qui recule tandis que mon sexe avance

J'ai gagné mon pain quotidien
J'ai tué et j'ai vu mourir
Je mourrai à mon tour, Saignée
Sur ton ventre, entre tes seins, entre tes lèvres
Je serai mort mais je t'aimerai encore
Je te chercherai dans chaque cellule de mon cadavre Pourrissant

Je percerai le brouillard qui obscurcit les carreaux
Je mêlerai mon haleine à tes cheveux de plomb
Et je trouverai ton corps de belle indifférente
Car rien ne peut résister à mon amour

Saignée, Saignée

Je te veux, nue
Je te veux, crue
Je te veux, perdue
Larguée, émue
Je te veux, seule
Sans un mot, un seul
Je te veux, tranquille
Rassurée, facile

Saignée, aux odeurs de sauvage
Au long corps de puma
Était nue sur la plage
Saignée, belle forêt de nacre
Belle fleur de massacre
Était nue à mes pieds

Saignée, Saignée, sois toujours ouverte devant moi, Saignée



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