Hubert-Félix Thiéfaine : De l'Amour, de l'Art ou du Cochon ?

Rock / France
(1980 - Sterne)
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Las palabras


1. PSYCHANALISE DU SINGE


J'ai appris à jouer la guitare
Avec la méthode Ogino
Émerveillé par l'art pour l'art
Comme une poule devant un mégot
J'étais déjà un petit barbare
Qui chantait pour sa libido
Et franchement c'est beaucoup plus tard
Que j'appris à être cabot

Je ne chante pas pour passer le temps
Mais pour me rendre intéressant

Pour être chanteur populaire
Faut avoir l'esprit de mission
La position du missionnaire
Ca manque pas d'imagination
Et je me jette sous les projos
Avec mon sourire engagé
En me disant vas-y coco
T'as la meilleure place pour draguer

Je ne chante pas pour passer le temps
Mais pour me rendre intéressant

Le jour de ma naissance un éléphant est mort
Et depuis ce jour-là je le porte à mon cou

Je me fais un peu prétentiard
Mais c'est la règle du boulot
Si tu joues pas les vieux ringards
On te prend pour un rigolo
Alors je me montre à la barre
Avec mes triques et mon satio
Pour pas pisser dans ma guitare
En refoulant ma parano

Je ne chante pas pour passer le temps
Mais pour me rendre intéressant



2.GROUPIE 89 TURBO 6

C'est juste une fille un peu perverse
Qui me plante des couteaux dans les fesses
Et qui me coince dans les urinoirs
En sortant sa lame de rasoir
C'est juste une fille un peu fritée
Qui s'amuse avec ma santé

Et qui me dégoupille les gonades
Juste au moment où je prends mon fade
Oh ! Tu n'es pas la première fille qui me tape
Tape-moi encore
Oh ! Tu n'es pas la première fille qui me tape
Tape-moi encore plus fort, ah !

C'est juste une fille un peu rocky
Qui grimpe à moto sur mon lit
Et qui sort sa chaîne de vélo
En me disant je t'aime saignant salaud
C'est juste une fille un peu brutale
Qui déchire mes chemises, mes futals

En me disant fais gaffe baba cool
Je mets mes crampons gare tes bidoules
Oh ! Tu n'es pas la première fille qui me tape
Tape-moi encore
Oh ! Tu n'es pas la première fille qui me tape
Tape-moi encore plus fort, ah !

C'est juste une fille comme toi et moi
Enfin je crois plutôt comme toi
Une fille qui s'amuse dans la vie
Et qui n'a pas honte quand elle rit

C'est juste une fille
C'est juste une fille
C'est juste une fille qui s'en balance
Mais qui grimpe aux murs quand elle... Oh oui ! Oui

C'est juste une fille un peu rétro
Qui rêve d'être une Panzerfrau
Et qui me déguise en nymphomane
Pour que je me tape son dobermann
C'est juste une fille un peu olé
Qui se coupe les nibards pour frimer

Mais c'est si bon de jouer son jeu
Quand elle décroche le nerf de boeuf
Oh ! Tu n'es pas la première fille qui me tape
Tape-moi encore
Oh ! Tu n'es pas la première fille qui me tape
Tape-moi encore plus fort

C'est juste une fille comme toi et moi
Enfin je crois plutôt comme toi
Une fille qui s'amuse dans la vie
Et qui n'a pas honte quand elle rit

C'est juste une fille
C'est juste une fille
C'est juste une fille qui s'en balance
Mais qui grimpe aux murs quand elle... Oh oui ! Oui
Ah ! Vas-y mimine fais-moi la cour
Frite-moi la gueule oh mon amour
Vas-y déchaîne-toi sur mon corps

Vas-y mimine fais-moi la mort
Fais-moi la mort
Fais-moi la mort



3.L'AMOUR MOU

C'était un mécano-métallo-mégalo
Qui s'appelait Chimie Travelot
Il s'épuisait du ciboulot
Dans un de ces si sots boulots
Qui font de nous des bêtes à dodo
Bien mûres et complètement frigos
Elle, c'est Chipolata Delco

La p'tite amie du mécano
Elle est belle, elle remue du pot
Elle aime bien son p'tit mégalo
Bien qu'elle soye un peu hystéro
Et qu'elle s'envoye d'autres gigots

Y's'sont connus à Saint-Lago
Dans un de ces trains qui partent très tôt
Qui r'viennent très tard suivant les trots
De ceux qu'on doit mettre au métro
D'un coup d'oeil au fond du rétro
Ils ont vu comme ils étaient beaux
Et se sont roulé le chicot
Sans même retirer leurs mégots
Mais gare mais gare à mon mégot
S'écrie soudain le mécano

L'amour me mord, me mord la peau
L'amour nous rendra tous dingos
L'amour le mord, l'amour le moud
L'amour ça mord, l'amour c'est mou
L'amour ça meurt à la mi-août
Sans mots sans remords ni remous

Bientôt le tantôt sans se dire un mot
Les v'là coco chez un bistrot
A s'faire des bécots dans les crocs
Des vibratos dans le bas du dos
Des trémolos sur le pipeau
Tout en siphonnant leur Pernod

Mais le plus beau c'est dans un pageot
D'un garno de la rue Rambuteau
Où ils continuèrent leur duo
Dans la position de l'escargot
En se faisant cadeau du pavot
Qui leur poussait à fleur de peau

Y s'sont perdus à Saint-Lago
Dans un de ces trains qui partent très tôt
Qui r'viennent très tard suivant les trots
De ceux qu'on doit mettre au métro
D'un coup d'oeil au fond du rétro
Ils ont vu comme ils étaient beaux
Et se sont roulé le chicot
Sans même retirer leurs mégots
Mais gare mais gare à mon mégot
S'écrie soudain le mécano

L'amour me mord, l'amour me moud
L'amour ça mord, l'amour c'est mou
L'amour ça meurt à la mi-août
Sans mots sans remords ni remous



4. SCORBUT

C'est l'histoire d'un pauvre gars
Courant la gueuse dans les balluches.
Quand t'as toute la semaine dans le baba,
Tu peux bien rêver d'une greluche.
Chevauchant sa motocyclette
Sur les chemins du samedi soir
Il dérapa sur ses roupettes
En entendant ce cri bizoire.

Les filles de La Rochelle
Ont attrapé le scorbut.
Mignons, finie la bagatelle.
La charentaise ne répond plus... Oh gué !

Le pauv' gars bloqua son engin
En se croyant halluciné
Puis il tendit ses esgourdins
Espérant bien s'être trompé.
Oui mais, tout soudain derrière lui,
Il entendit ce cri fatal
Qui semblait déchirer la nuit
De toute son horreur sidérale.

Les filles de La Rochelle
Ont attrapé le scorbut.
Mignons, finie la bagatelle.
La charentaise ne répond plus... Oh gué !

Assis sur le rebord du trottoir
Avec sa tête entre ses mains,
Le pauvre gars broyait du noir
En triquant dur comme un vieux chien
Et d'ailleurs à propos de chien,
Celui qui passait à cette heure-là,
Lui, qui n'avait envie de rien,
Eut droit à ce qu'il n'attendait pas... Oh ?

Les filles de La Rochelle
Ont attrapé le scorbut.
Mignons, finie la bagatelle.
La charentaise ne répond plus... Oh gué !

Le chien repartit la queue basse
Sans avoir bien tout-tout compris
Tandis que notre pauvre gars,
Lui, se sentait tout rajeuni.
Il remonta sur sa moto
Et s'en retourna dans la nuit
Mais depuis, dans tous les hameaux,
Paraît que les chiens courent derrière lui.

Les filles de La Rochelle
Ont attrapé le scorbut
Mignons, finie la bagatelle
La charentaise ne répond plus.

La morale de ce cantique,
Pour ceux qui ne le sauraient pas,
C'est que dans la vie, faut être pratique,
Quand on veut ce que l'on n'a pas.
Quant à vous, les pauvres fillettes
De La Rochelle ou bien d'ailleurs,
Soyez donc un peu moins couillettes.
Voyez que les chiens nous font pas peur.
(cheval deux trois)

Les filles de La Rochelle
Ont attrapé le scorbut
Mignons, finie la bagatelle
La charentaise ne répond plus.



5. COMME UN CHIEN DANS UN CIMETIERE

T'as été à l'herbe aux lapins
Mais t'as fait un faux numéro.
Si tu crois que j'en ai du chagrin,
Téléphone à la météo.
Le ciel est bleu, le jour est J.
La bombe est H mais mon grand-père s'ennuie
Comme un chien dans un cimetière le quatorze juillet.

Le canari s'est suicidé
Avec une lettre de créance
Mais n'en fais pas une céphalée :
Ton bateau repart pour l'enfance
Et si le mien va s'échouer
J'en parlerai à ma psyché qui s'ennuie
Comme un chien dans un cimetière le quatorze juillet.

Ne cherche plus dans l'annuaire,
J'ai mis des scellés sur mon cœur
Mais passe plutôt chez le notaire :
Je te lègue ma part de bonheur.
Je pourrais toujours me recycler
Avec la veuve du fossoyeur qui s'ennuie
Comme un chien dans un cimetière le quatorze juillet.

Le marchand d'ordures est passé.
Je vais pouvoir m'évanouir.
Remonte-moi mes oreillers.
Je pars pour un éclat de rire
Tandis qu'au loin j'entends sonner
Les oreilles d'un sourd et muet qui s'ennuie
Comme un chien dans un cimetière le quatorze juillet.

Je jette mon dernier sac de billes.
La tempête vient de s'apaiser.
Déjà, les moutards de ma ville
Viennent pour me regarder.
Il n'y a plus rien à espérer
Puisque maintenant les enfants s'ennuient
Comme des chiens dans des cimetières le quatorze juillet.



6. DE L'AMOUR DE L'ART OU DU COCHON ?

Ecoute-moi... écoute moi mon amour... je claquerai connement la tête coincée dans un strapontin...
Ce sera pendant l'été de 1515 sur l'aéroport de Marignane... Je claquerai vraiment connement...

Mais je ressusciterai le troisième jour et ce troisième jour sera l'avant veille de l'attentat de Sarajevo...
Je passerai te chercher et tu me reconnaîtras facilement puisque j'aurai mon éternel chapeau à cran d'arrêt
Et que je porterai à la boutonnière une fleur de tournesol comme celle que tu aimes tant !...

Toi ! tu te jetteras dans mes bras et alors je te dirai
- Souviens-toi ! Souviens-toi, mon amour : J'étais beau comme un passage à niveau et toi tu étais douce

Douce comme les roubignolles d'un nouveau-né... souviens-toi...
On avait des scolopendres qui dansaient dans nos veines
Et Un alligator au fond de la cuisine sur la droite en entrant... Mais si !...

Quand on entrait par la bouche d'incendie, dans ta bouche, il y avait des sirènes
Qui chuchotaient des mots... des mots qu'on avait oublié d'inventer... des mots qu'on avait oublié d'inventer
À cause de notre enfance malheureuse... de notre enfance malheureuse parce qu'on avait mal aux dents...
On avait mal aux dents parce que toujours on nous obligeait à manger des sucres d'orge et qu'on n'aimait pas ça !

Et puis après... Après, quand on se sera bien souvenu... Quand, fatigués de s'être souvenu...
Nos souvenirs ne seront plus que des loques... Alors... Je te prendrai par la taille et
Nous irons nous promener à l'ombre des tilleuls menthe... Tu me souriras... Je te rendrai ton sourire et
Dès lors... Dès lors nous ne saurons plus vraiment si ce que nous ressentons l'un pour l'autre
C'est de l'amour... De l'art... Ou du cochon !



7. L'AGENCE DES AMANTS DE MADAME MULLER


Un jour, un jour ou l'autre
Je sais que la police viendra chez moi
Pour une sombre histoire de moeurs
Ou pour me fournir des yogourts à la myrtille
A moins que ce ne soit plutôt
Pour l'affaire de cette madame Müller

De rage, je jetterai mes chats
Par la fenêtre du douzième étage
Je rentrerai mes gosses dans le ventre de ma femme
Et je leur dirai : je ne suis pas le mari de madame Müller
Depuis longtemps je ne suis plus son amant
Renseignez-vous
A l'agence des amants de madame Müller

Messieurs de la police, je ne suis qu'un pauvre musicien
Je joue de la chasse d'eau
Dans un orchestre de free-jazz
Vous êtes un peu barjos mais je suis un peu naze
Mais qu'est-ce que vous faites ?
Qu'est-ce que vous faites ?

Vous êtes fous ! Vous êtes fous !
Non ! Non ! Arrêtez ! Arrêtez ! Arrêtez !
Oui c'est moi monsieur le commissaire
Vous savez c'est pas tous les jours facile
De vivre en société quand on a un peu d'imagination
Monsieur le commissaire, j'ai ma névrose
Mais monsieur le commissaire, qui n'a pas sa névrose ?

Je ne suis pas le mari de madame Müller
Depuis longtemps je ne suis plus son amant
Renseignez-vous
A l'agence des amants de madame Müller

Je n'ai absolument aucun alibi, ce soir-là justement
J'étais sur un coup, sur un coup foireux
J'étais entré dans un bar-tabac
Et j'avais demandé un paquet de cigarettes filtre
Et 3 timbres à 100 balles
Pour poster des lettres à quelques amis

Elle est entrée à ce moment précis
Nos regards se sont touchés
Intérieurement j'ai craqué, j'ai craqué, j'ai craqué
J'ai collé mes 3 timbres à 100 balles
Sur mon paquet de cigarettes filtre
Et j'ai fumé mes lettres

Je ne suis pas le mari de madame Müller
Depuis longtemps je ne suis plus son amant
Renseignez-vous
A l'agence des amants de madame Müller

Monsieur le président
Cette insoupçonnable et somptueuse inconnue
Était vêtue d'un swearter de couleur pastel
Et d'un jean taillé dans de la toile d'emballage
De la manufacture des armes et cycles de Saint-Etienne

Quand nos regards se sont identifiés
J'ai simplement prononcé ces quelques mots :
Dis-moi qui tu suis, je te dirai qui je hais !
Elle m'a répondu :

Prends-moi, prends-moi, prends-moi !
Alors je l'ai prise et nos corps se sont mélangés
Sur le bitume du trottoir
Devant les yeux déchirés et hagards des badauds
Je ne suis pas le mari de madame Müller
Depuis longtemps je ne suis plus son amant
Renseignez-vous
A l'agence des amants de madame Müller

Entre ces quatre murs
Je ne sais vraiment pas quoi faire pour calmer mon ennui
Bien sûr, deux fois par jour
Un infirmier entre dans ma cellule
Pour contrôler et poinçonner mon ticket

Mais, pour passer le temps, je n'ai guère que ce souvenir
Que ce souvenir, ce souvenir


8. VENDOME GARDENAL SNACK

Tu traînes dans mes nuits comme on traîne à la messe
Quand on n'a plus la foi et qu'on ne le sais pas
Quand on traîne à genoux aux pieds d'une prêtresse
A résoudre une énigme qui n'existe pas

Et tu lèves les yeux quand passent les cigognes
Qui vendent la tendresse le soir au marché noir
Dans la rue des travelos t'as rencontré guignol
Qui s'était déguisé en poète illusoire

Je t'autorise à me jeter
Je t'autorise à me jeter

Tu traînes ton ennui dans les rues de l'errance
Et tu serres les poings au fond de mes envies
Quand la ville dégueule son trop-plein d'impuissance
Et nous jette trois sous d'espoir et d'infini

Je laisse derrière toi des mégots de Boyards
Le cri d'une chanson et des bouteilles vides
Au hasard de ma route entre deux quais de gare
Je ne fais que passer, je n'aurai pas de rides

Je t'autorise à me jeter
Je t'autorise à me jeter

Du fond de ton exil tu vois des processions
De chiens à demi fous qu'on relègue à la mort
Tu vois des cathédrales qui affichent mon nom
Pour un dernier concert à l'envers du décor

Tu vois des échafauds qui tranchent l'innocence
Et répandent la vie à trois mètres sous terre
Où l'on voudrait aller quand on a joué sa chance
Et qu'on reste KO la gueule au fond d'un verre

Je t'autorise à me jeter
Je t'autorise à me jeter


















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