GUERILLA POUBELLE
PUNK = EXISTENTIALISME (Album)
2007, Guerilla Asso


1. Punk Rock Is Not a Job
2. Tapis Roulant
3. La Drogue c'Est de la Merde
4. L'Ecole de la Rue
5. Quand le Ciel Sera Tombé
6. Cogne sur un Flic Pas sur ta Femme
7. Y a Pire Ailleurs
8. L'Equipe Z
9. Génération
10. Dans la Diagonale
11. Le Travail Rend Libre
12. Libéral et Propre
13. Etre une Femme
14. En Noir et Blanc
15. Cette Chanson Parle de Télé
16. Un Eléphant dans une Porcherie


AngelsShallFall : 6/20
Ce qui est rigolo dans l'histoire, c'est que la phrase d'accueil résume tout le disque, je pourrais bien balancer la chronique comme ça, sans rajouter une seule ligne, un seul mot. Parce que franchement, j'ai tout dit, je me demande ce que je vais pouvoir raconter maintenant à propos de ce Punk = Existentialisme. Le problème, c'est que ce groupe est très adulé des lycéens, et avec la prune que j'ai collé à cet album, je suis bien obligé de développer.

Déjà, plaçons-nous dans le contexte. Guerilla Poubelle, ce groupe parigot est connu pour deux raisons. D'abord parce que c'est une suite plus ou moins indirecte des Betteraves, ce groupe classifié de Ska-Core-Festifo-Keupon délivrant une musique ultra juvénile mais qui avait au moins le mérite d'être bien foutue et plus sérieuse qu'elle en avait l'air. Ensuite, ce groupe est connu pour un titre, "Demain Il Pleut", apparaissant sur l'album précédent. Quel fan du groupe n'a pas entendu ce titre ? Bon, pour les néophytes, je précise que Guerilla Poubelle n'a musicalement pas grand chose à voir avec les Betteraves, le groupe est plus sérieux. Et il faut avouer que "Le Pendu", c'est un titre qui fait moins rigoler que "Pad'Bol".

Voilà. Je vais volontairement passer sur la pochette qui tient presque du foutage de gueule. Niveau livret, le concept est mas mal. Il n'y a pas trop d'images, mais le groupe va plus loin que beaucoup d'autres, et prennent la peine de fournir les paroles de quelques explications et notes intéressantes.

Bon, maintenant attaquons-nous au plan musical. Le groupe nous livrent alors du Punk, euh... En fait, le mot Punk est plus ou moins adapté ici. Disons qu'on est plus proche d'un Punk festif sur une plage californienne, mais on y rajoute le négativisme de la scène Punk née dans les bas-fonds de Londres. Faut savoir ce qu'on veut. En gros, c'est n'importe quoi. Mais c'est pas pour autant que c'est mauvais.

Et c'est même très honorable : c'est pas violent, les mélodies se retiennent facilement et les différents titres se distinguent bien les uns entre les autres. La production est propre et équilibrée, aucun instrument ne prend le dessus sur l'autre. Certains riffs tiennent presque du festif, comme sur "Tapis Roulant" ou "L'école de la Rue", et la production est paradoxalement sombre. Ca chatouille. Vu de quoi ça parle dans les paroles, c'est normal que ça soit sombre.

Donc, en gros, c'est ultra-Mainstream et ultra-accessible. Chacun trouvera ses titres préférés. Il y a franchement de bons passages. C'est pas franchement technique, mais il faut avouer qu'il y a de bonnes idées. "L'Ecole de la Rue", ce titre dans lequel les lignes de basse vous font vivre la dépravation et les lignes de guitare la violence. Ce titre prouve encore une fois qu'il n'y a pas besoin de composer des musiques qui tiennent sur une dizaines de notes pour qu'elle soit nécessairement bonne. "Punk Rock Is Not a Job", le titre d'entrée par exemple, résume la musique du groupe : on ne se prend pas la tête, on est là pour s'éclater, mais ça fonctionne parfaitement ! Doit-on aussi parler de ce "Tapis Roulant", avec une basse bien mise en avant, et un riff bien saccadé du meilleur effet après le second refrain. On notera aussi la présence de "Etre une Femme", l'un des premiers morceaux du groupe par ailleurs très réussi. Mais l'impact de la version de l'album semble beaucoup moins fort : le remaniement de l'introduction et de ce qui fait office de partie instrumentale va hérisser les cheveux de certains.
Mais pour le reste, il y a quand même des éléments qui ne servent franchement à rien. Le titre final, "Un Eléphant dans une Porcherie" est globalement bon, mais pitié, pourquoi répéter les deux derniers mots, "N'existent pas", au moins vingt-cinq fois ? Et c'est d'autant plus horripilant que c'est le titre final de l'album. Ou encore "Le Travail Rend Libre" où on pousse une gueulante incompréhensible sans avoir bouquiné le livret, ce qui rend le titre imbuvable.

Voilà, jusque-là, le groupe ne s'en sort pas trop mal, il mériterait la moyenne. Si vous avez lu jusque-là, vous vous demandez certainement quelle est cette ânerie dont je parlais dans la phrase d'accroche. J'y viens. Voilà, dans la première moitié de l'album, nous trouvons le meilleur titre : "Cogne sur un Flic, pas sur ta Femme". Franchement, ce titre est très bon. De bons riffs, un chanté revendicatif, un refrain certes moins bon, mais ce titre fait son effet.
Oui mais voilà. Virez la partie inutile de ce titre, c'est-à-dire le refrain, et écoutez attentivement le reste. Plusieurs fois s'il le faut. Les riffs, les vocaux... Cela ne vous rappelle pas furieusement un titre archi-connu de Bad Religion ? Cherchez bien... A titre informatif, Punk = Existentialisme est sorti en 2007, et le titre de Bad Religion que j'évoquais apparaissait sur leur premier album, qui, lui, est sorti en... 1981. Ah ben ça c'est ballot. Et voilà que nos petits parigots trouvent franchement intelligent de pomper le riff principal à la note près, et les vocaux à la note près. Alors qu'on ne vienne pas me dire qu'ils n'ont pas fait exprès ! Après, pour se la jouer discretos, on rajoute un refrain un peu rageur et on vire le solo parce que c'est trop compliqué de faire un solo.

C'est ce qu'on appelle une erreur impardonnable. Quitte à bien faire, ils auraient mieux fait de nous dispenser de ce titre, cela leur aurait permis d'avoir d'une part plus de crédibilité, et d'autre part que ma note soit moins cruelle. Mais ne vous faites pas de soucis. A partir du principe où la majeure partie du public de Guerilla Poubelle est composée de lycéens, c'est-à-dire nés après le cultissime titre plagié, ceux-ci n'y verront que tchi, et seuls les plus curieux, les plus mélomanes et les plus attentifs s'apercevront de la supercherie. Et d'ailleurs, ceux-là s'en sont sans doute déjà aperçus.

Voilà comment on fait pour plomber un album. Franchement, ils auraient pu nous dispenser de ce morceau quitte à raccourcir l'album de deux minutes, vu que l'album est composé de 16 titres, ça n'aurait pas été la mort.

Pour finir cette chronique. Étant donné que j'ai incendié un album très apprécié de la populace sorti par un groupe très médiatisé, il y a de fortes chances que cette chronique foute un sacré merdier et que je me ramasse une belle volée de bois vert. Mais dites... Allez fonder un groupe de musique. Mettez-y toutes vos tripes, vos convictions, votre rage, votre passion. Faites-vous un bon petit bout de chemin. Vous verrez si c'est agréable de remarquer qu'un groupe sorti de nulle part vous plagient honteusement l'un de vos titres, surtout quand vous avez gagné une reconnaissance dans le milieu grâce au statut archi-culte de celui-ci. Vous n'allez pas être contents, c'est moi qui vous le dit ! Voilà. Une faute qui tient peut-être sur un titre, mais qui est malheureusement une faute grave dans le monde de la musique, et de l'art en général.

C'est ballot.

PS : Le titre de Bad Religion ayant été plagié se nomme We're Only Gonna Die (From Our Own Arrogance), il s'agit de la piste d'ouverture de leur premier album, How Could Hell Be Any Worse.

2012-02-24 20:14:50